> DOSSIER « Réflexions sur l’action politique » (n° 1838)
Lissé par le légalisme et conditionné par l’État, le militantisme a perdu toute efficacité. Peser sur la décision politique nécessite un engagement plus profond.
La contestation de la droite catholique est dans l’impasse. L’État moderne n’est plus ébranlé par les diverses formes de son activisme. Geoffroy de Lagasnerie (Sortir de notre impuissance politique, Fayard) et Peter Gelderloos (L’Échec de la non-violence, Éditions Libre) proposent deux raisons à cela. Le lissage théorique et doctrinal (banderoles aux slogans généralistes, forme standardisée et publicitaire, thématique colorée, etc.) ainsi que le fait de rester dans les clous de la légalité (pas de débordement en manifestation) rendent le militantisme inopérant.
Tactique de non-violence
La contestation de droite ne casse pas de vitrines. Elle s’est embourgeoisée. Exemple : un million de personnes à Paris pour La Manif pour Tous sans le moindre heurt. Une manifestation familiale, c’était par principe la tactique de la non-violence. Défiler sagement avec des banderoles politiquement correctes : « se déguiser en clowns, brandir des marionnettes géantes, jouer un conflit théâtral avec la police, s’enchaîner les uns aux autres et s’attendre à ce qu’ils nous traitent humainement, ou attendre que leurs caméras consacrent un gros plan à nos pancartes de protestation spirituelle » (Gelderloos), c’est permis, c’est légal, donc inefficace. Sortir de notre impuissance politique, c’est renverser le paradigme stratégique. Lagasnerie déplore que les gens qui désirent défendre de nobles causes se lancent dans des études de droit pour devenir avocats, alors qu’il serait davantage pertinent d’entreprendre ce cursus pour briguer le poste de juge. L’organe décisionnaire est plus important que l’organe défensif soumis au législateur. Par ricochet, à la place du militantisme limité des partis politiques et de diverses associations, ne serait-il pas plus stratégique d’opter…