Mardi 6 juin, l’association SOS Calvaires représentée par son directeur général, Alexandre Caillé, donnait une conférence avec l’abbé Raffray (Institut du Bon Pasteur). Le thème était : Remettre la croix au milieu du village, la jeunesse revient à la Foi. Selon Alexandre, la restauration du patrimoine revêt une importance particulière dans le combat pour le retour de la Chrétienté. Portrait.
Dans un café bon-chic bon-genre du 15e, la veste en toile orange est facilement repérable. Alexandre Caillé, 26 ans, petite moustache à l’impériale, ne s’excuse pas d’exister. Le directeur général de l’association SOS Calvaires s’est levé aux aurores pour se rendre à une matinale radio. Il profite de sa journée à Paris pour rencontrer les journalistes et donner une conférence.
Il cherche le bon mot, la phrase-choc qui marquera les esprits. Il n’en a pas vraiment besoin, sa vie parle pour lui. De la construction de l’antenne SOS Calvaires en Savoie à l’atelier de fabrication de croix angevin qu’il dirige aujourd’hui, en passant par Vézelay avec les scouts et la finance parisienne, Alexandre a parsemé le territoire français d’expériences qui l’ont conduit dans cette association en 2021.
« J’avais besoin de concret, d’avoir un métier avec des prises de risques » dit-il pour expliquer son choix professionnel. « Être directeur général de SOS Calvaires est un métier de paroles » poursuit-il « je rencontre des personnes, je m’intéresse à leur histoire, à leur patrimoine ». La croix restaurée devient un lieu de sociabilité dans le village, les habitants ont participé à sa reconstruction.
Deux semaines après un entretien informel sur les routes de Chartres en 2022, il a entassé l’ensemble de ses affaires dans sa voiture, direction l’atelier situé à côté d’Angers. Alexandre clame sur tous les toits la nécessité de proposer à la jeunesse des moyens concrets de se donner. Pour lui, l’incarnation du catholicisme dans le bois de la Croix vaut mieux que tous les beaux discours. Il en veut pour preuve les nombreuses personnes qui poussent la porte de l’atelier.
Le soir-même, il se retrouve au théâtre de Saint-Léon pour la conférence qu’il donne avec l’abbé Raffray. Devant les jeunes et les moins jeunes, Alexandre raconte ces transformations qui se déroulent sous son nez. Sacha, Clément et tant d’autres fabriquent des croix de leurs mains alors qu’ils ne sont même pas baptisés. « A un moment, nous sommes obligés de lever les yeux vers Celui que l’on restaure, et c’est accessible à tous » déclare-t-il. En plus d’être concrète, l’action de rétablir un calvaire reconnecte les hommes à leurs racines, à leur patrimoine.
La croix rénovée devient « leur » calvaire. Or combien ont ce besoin de savoir d’où ils viennent ? La devise de l’association reprend celle des Chartreux « Stat Crux dum volvitur orbis » (« La Croix demeure tandis que le monde tourne »). En toile de fond, l’objectif est de s’enraciner dans l’immuable. « Nous restaurons le matériel pour transmettre l’immatériel » souligne Alexandre. En œuvrant à la conservation du patrimoine français, SOS Calvaires reconstruit le règne du Christ au sein des villages.
L’association reprendrait presque le fonctionnement d’une confrérie de métiers de l’Ancien Régime. Ses membres ne sont jamais à court de projets : « nous irons aux JMJ en bateau avec une croix. », « Le 30 septembre prochain, nous projetons de poser un calvaire au Mont-Saint-Michel », « On se développera peut-être un jour à l’international, qui sait ! » enchaîne Alexandre, les yeux pétillants.
Parvenir à créer des souvenirs communs en gravissant les montagnes irlandaises, en posant un khatchkar en Arménie, enchaîner les pèlerinages en portant, toujours, une croix. Certains y trouvent même une véritable famille. Poussée par la fougue de la jeunesse, la branche des Bâtisseurs (équipes chargées de la réparation des croix) a déjà restauré 190 calvaires depuis le début de l’année.
Le bouche à oreilles et les réseaux sociaux sont efficaces. Les demandes sont tellement nombreuses que les bras manquent presque. « Il faut retrouver le goût de l’effort, de l’engagement » s’exclament le directeur général et l’abbé Raffray d’un seul cœur pendant la conférence. La Croix aide à voir au-delà du plaisir immédiat. Un appel à sortir de son canapé afin de réaliser des actions concrètes pour remettre la Croix au milieu du village.
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