L’alléluia du dimanche de Pâques met en musique la grande réflexion théologique paulinienne qui considère le Sacrifice du Christ comme l’accomplissement parfait et définitif du mystère de la Pâque. « Alleluia ! Pascha nostrum immolatus est Christus » (« Alléluia ! Le Christ, notre Pâque, a été immolé ») [1 Co 5, 7]. Voici un chant, fait extraordinaire, qui ne comporte en tout et pour tout que six mots. Merveille de l’art grégorien qui s’empare de chaque mot, le revêt de splendeur musicale, le fait résonner dans l’âme qui peut ainsi s’abîmer avec lui dans la prière, en un acte transformant de contemplation, d’un lyrisme profond et juste, réalisant le plus sûrement possible le double but de la liturgie qui est la gloire de Dieu et la sanctification des fidèles. La longue et incomparable mélodie extatique de « immolatus », en particulier, nous fait revenir, mais dans la paix inamovible de la lumière pascale, sur l’acte sanglant du Calvaire où le Christ est devenu pour nous l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde. Ce 7e mode impressionne par son calme. Il prend son temps, il nous élève vers les hauteurs sublimes, il y demeure avec nous pour nous faire regarder longuement le mystère de la Croix qui ne peut être séparé de celui de la Résurrection. Il nous fait comprendre, au long de ces vocalises imprégnées d’amour, d’admiration et de joie tranquille, combien la tendresse du Père a eu et donc aura toujours le dernier mot sur la violence, la haine, la laideur et le sang. Chant d’éternité. Chant de l’Église d’ici-bas mais qui a désormais son cœur et sa certitude de l’autre côté de la mort, en pleine Vie.
Pour écouter l’ Alleluia de Pâques.
Ce billet est extrait du dernier numéro de L’Homme Nouveau que vous pouvez commander à nos bureaux (10 rue Rosenwald, 75015 Paris. Tél. : 01 53 68 99 77, au prix de 4 euros), ou télécharger directement sur ce site en cliquant sur le lien ci-dessous.