L’argument central de Fiducia supplicans est-il recevable ?

Publié le 20 Fév 2024
fiducia supplicans pape

Les fidèles attendent du Pape une mise au point claire sur un document troublant.

Le débat autour de Fiducia supplicans et l’émotion soulevée par le document méritent que l’on s’y intéresse sous plusieurs aspects y compris sous l’angle de la logique. Le raisonnement utilisé mérite en effet une analyse approfondie. 

  La déclaration Fiducia supplicans donne-t-elle une raison valable à la bénédiction des couples de même sexe, c’est-à-dire apporte-t-elle une vraie argumentation ? Voilà la question que nous posons. Elle est au cœur du trouble provoqué par cette déclaration dans de nombreux épiscopats – au cœur des essais de mises au point, tant du Pape (1) que du cardinal Fernández (2) – et qui met à mal l’unité de l’Église. Cette question est logique avant d’être théologique. Nous voudrions montrer ici que la réponse à cette question est négative.  

Des prémisses certaines à une conclusion

Qu’est-ce qu’apporter une preuve rigoureuse à ses dires ? Cela nécessite de rappeler ce qu’est une argumentation et les règles qu’elle se doit de respecter. Cela n’est pas une mince affaire, quand on sait qu’Aristote a dû écrire près de 300 pages pour faire le tour de la question. Retenons l’essentiel : une argumentation déductive est rigoureuse et bien formée quand elle permet de passer de deux prémisses certaines à une conclusion et cela d’une manière nécessaire : quand l’une au moins des prémisses est universelle, cela s’appelle un syllogisme. Par exemple si je pose que « tout ce qui est mobile est matériel » d’une part, puis que « les astres sont mobiles (dans le ciel) » je puis en déduire que « les astres sont faits de matière ». C’est ainsi que les Anciens prouvaient la matérialité des astres sans même en avoir l’expérience tangible. Mais on peut aussi raisonner en négatif, comme dans cet autre exemple simple : souvenons-nous d’Obélix à qui son horoscope a révélé « qu’il doit éviter les conflits », mais à qui Astérix révèle que « diminuer les sangliers crée en lui un conflit » ; il en conclut, tout à fait légitimement et pour son plus grand plaisir, qu’« il ne doit pas diminuer les sangliers » (3). Chercher un argument, une raison, et dans le meilleur des cas une cause, revient au plan logique à rechercher un moyen terme entre les deux termes que je cherche à unir ou à désunir : « mobile »…

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Bruno Couillaud

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