Sébastien Le Fol, dans le Point de cette semaine écrit une lettre ouverte aux Français qui « clashent » la langue. Elle restera certainement lettre morte, mais elle met le doigt à sa manière sur la destruction de notre patrimoine. Extraits !
Je n’irai pas, comme l’écrivain et poète Alain Borer, jusqu’à vous qualifier de « collabos ». Mais l’auteur de Speak White ! (Gallimard, « Tracts ») n’a pas tort d’annoncer une « nouvelle étrange défaite » : la langue française, « ce grand nuage qui s’étend sur plus de mille ans », est sabotée par ses propres locuteurs. Nous sommes en train de changer d’oreille collective, s’inquiète Borer.
Certains d’entre vous parlent désormais un anglais qu’ils imitent et qui est à peine compris par les anglophones eux-mêmes : l’« anglolaid ». À quoi rime ce monstrueux « wording » dont vous truffez vos « calls » et vos « meetings » ? « Updater », « checker », « crossfertiliser », « bronzing », « maisonning », « stand by », « trash », « débreaker », « bashing », « silver economy », « booster » … Pitié ! S’ils le pouvaient, certains d’entre vous feraient miauler leur chat en américain. Parlez français et apprenez l’anglais, mais épargnez-nous ce sabir agressif, régressif. (…)
Vous vous souciez à juste titre du réchauffement climatique, mais le saccage de la langue française est un fléau tout aussi pré occupant. Il conviendrait de la dépolluer avant sa mort programmée. La malbouffe est dans nos assiettes et désormais dans nos paroles. L’État rénove le château de Villers-Cotterêts, où François Ier signa l’ordonnance faisant du français la langue administrative. Et, « en même temps » , il établit une nouvelle carte nationale d’identité « bilingue » français-anglais.