Un ancien député socialiste, Gilles Savary, prend, dans les colonnes de L’Opinion, quotidien se définissant comme libéral (10 novembre 2021), la défense de… la chasse. Derrière l’activité défendue, l’auteur met surtout en cause le lessivage du passé dont l’Internationale (chant socialiste) nous invite pourtant à faire table rase.
Les accidents de chasse ne datent pas d’aujourd’hui. Ils n’en sont pas moins malheureux, déplorables et inacceptables. Ce qui est nouveau, c’est qu’ils tendent à occuper le prime time médiatique et à nourrir des commentaires de plus en plus hostiles à une pratique jugée barbare et archaïque. Ce symptôme médiatique a tout lieu d’alarmer ce qu’il reste de chasseurs dans notre pays. Ce sont les médias qui fondent l’ordre moral. L’époque, à la recherche de l’homme nouveau, est au lessivage du passé. Paradoxalement, c’est la chasse la plus meurtrière pour les humains, celle du gros gibier à balles, qui est la plus difficile à interdire à une époque où sangliers et gros gibiers s’aventurent dans les zones habitées. Morale. On a même vu des néoruraux intenter des procès à des sociétés de chasse pour insuffisance d’éradication du gros gibier en zone résidentielle. L’encadrement de ce type de chasse est perfectible et doit être renforcé sans attendre, que ce soit en matière de formation ou de contrôle des chasseurs et des battues. Mais « la chasse » est une représentation trop générique pour traduire la diversité des pratiques et cultures cynégétiques existantes dans un vieux pays rural comme le nôtre.
Pourtant, de beaux esprits qui véhiculent une conception plus morale que naturaliste de la chasse veulent en finir avec ce vestige barbare du passé. Ils agglomèrent confusément des aspirations irréprochables au respect de la vie animale, à la protection de la biodiversité et de la nature, au végétarisme alimentaire. Des valeurs supérieures, uniformisantes, hautement civilisées, catégoriques et sans appel. « La cause est entendue : les chasseurs sont des rustres qu’il est scandaleux de laisser perdurer dans une société civilisée et angélique ». Il n’est pourtant pas si sûr qu’ils soient les pires barbares de notre époque, y compris quand on sait que la mort naturelle d’un animal sauvage n’est pas la plus douce et la moins cruelle qui soit.
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Cet exorcisme moraliste du passé, dont la chasse n’est que l’une des cibles, n’est pas la moindre source de la réaction populiste.
En raison du 11 novembre, « Au quotidien » reviendra le vendredi 12 novembre.