Des parents de membres de deux associations de scoutisme classique s’inquièteraient de certains articles de la loi scoute qui iraient contre le respect de la conscience et pourraient ouvrir la voie aux abus, y compris sexuels. La Croix (22 février 2022) s’en fait l’écho. Etrangement, cette inquiétude parentale ne va pas jusqu’à retirer leurs enfants des associations en question…
Louveteaux, louvettes ou jeannettes, scouts et guides, aînés, chefs ou cheftaines des Scouts unitaires de France (SUF) ou des Guides et Scouts d’Europe (AGSE), ils ont formé le vœu d’être fidèles à leur promesse et d’observer la loi scoute. Mais comment entendre aujourd’hui certains de ses articles – notamment, « le louveteau écoute le vieux loup, le louveteau ne s’écoute pas lui-même » et « le scout obéit sans réplique (…) » – après les révélations sur les abus sexuels commis, ces dernières décennies, dans l’Église catholique ?
S’ils demeurent très minoritaires, des parents d’enfants et d’adolescents inscrits au sein de ces mouvements veulent, aujourd’hui, dire leur malaise. Plusieurs épinglent la pertinence de principes qu’ils jugent contradictoires avec les recommandations du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), publié début octobre 2021. Au premier chef desquels figure la recommandation n° 6, qui exhorte à enseigner « en toute forme de catéchèse » – et en particulier auprès des « plus jeunes » – « l’exercice de la conscience critique en toutes circonstances ».
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Ces interpellations ont-elles ouvert des chantiers de réflexion, en interne, au sein des deux organisations ? Aux échelons nationaux, les responsables AGSE et SUF assurent n’avoir pas eu de remontées directes de parents. Mais sans envisager une révision de la loi en vigueur depuis leur fondation, en 1958 et en 1971– et contrairement à la démarche déjà effectuée chez les Scouts et Guides de France –, ils réfléchissent aux moyens, « nécessaires », d’en réexpliquer le sens.
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Quels garde-fous, dès lors, pour prévenir tout risque de dérives ? Au-delà de leurs dispositifs dédiés – commissions spécialisées, sensibilisation auprès des responsables… –, « l’autorité des chefs est bornée. Elle ne doit s’exercer que dans un cadre très précis, réexpliqué lors des formations. Nous sommes très vigilants sur cela », rappelle Luc de Coligny, non sans constater que « la génération des 18-25 ans, ouverte à la libération de la parole, est aussi bien plus intransigeante aujourd’hui sur la question des abus ».