Au quotidien n°348 : le modèle canadien de contrôle social

Publié le 24 Fév 2022
Au quotidien n°348 : le modèle canadien de contrôle social L'Homme Nouveau

Pour lutter contre les convois de la liberté, Justin Trudeau n’hésite pas à réactiver d’anciennes lois. Dans Le Point (24 février 2022), Laetitia Strauch-Bonart y voit une trahison du libéralisme. Mais un constat s’impose : tous les pays libéraux ont pris des mesures approchantes.

Provoqués par le refus des routiers de l’obligation d’être vaccinés pour passer la frontière entre les États-Unis et le Canada, les convois de la liberté canadiens viennent d’être délogés par la police après plusieurs semaines de blocage. Or la méthode employée par le Premier ministre du pays, Justin Trudeau, semble peu conforme à l’image qu’il s’est savamment construite d’homme politique libéral. Le 14 février, le gouvernement fédéral a invoqué une loi vieille de trente-quatre ans permettant le recours à des mesures d’urgence pour faire face aux blocages et aux occupations. Actionnable en cas de « crise nationale », elle permet notamment de déclarer que ceux-ci sont illégaux et de geler les comptes en banque des protestataires. On peut s’étonner d’un tel déploiement de force, alors que la police canadienne dispose déjà de larges pouvoirs pour maintenir l’ordre. Est-ce parce que l’enjeu du conflit est ailleurs ? On peut le présumer : cette opposition résonne avec une incompréhension plus générale dominant la vie canadienne entre les progressistes, d’une part, et les conservateurs et les populistes, d’autre part. Pour preuve, Trudeau n’a pas fait de ces blocages une question d’ordre public, mais de liberté d’expression, comme si la simple démonstration d’un désaccord politique suffisait à exclure du « cercle de la raison » les routiers en colère.

 (…)

Cette réponse est d’autant plus regrettable que, comme le note The Economist, le gouvernement canadien envisage à l’heure actuelle deux modifications inquiétantes des lois – déjà peu libérales – sur les « discours de haine ». L’une d’elles permettrait au Tribunal canadien des droits de la personne d’imposer de lourdes amendes à ceux qu’il jugerait avoir utilisé un « langage haineux ».

(…)

L’autre altération proposée permettrait aux individus de porter plainte contre des personnes à titre préventif, s’ils craignent que celles-ci soient sur le point de tenir des « propos haineux ». Loin d’être des anomalies, ces audaces légales évoquant Minority Report s’inscrivent dans un contexte social où la liberté d’expression est, pour le moins, malmenée.

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSociétéArt et Patrimoine

Saint-Pierre de Rome : Le chef-d’œuvre collectif de la chrétienté universelle

Hors-série n° 60-61 | La consécration de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome eut lieu exactement 1300 ans après celle de Saint-Pierre du Vatican. Pendant près de deux siècles, l'action continue de plus de 20 papes, le concours d'artistes de génie tels que Bramante, Raphaël, Michel-Ange, Maderno ou le Bernin, permirent à un chef d'œuvre d'harmonie de voir peu à peu le jour : l'église-mère de toute la chrétienté.

+

saint-pierre basilique
SociétéÉducation

L’école catholique sous contrat pourra-t-elle rester catholique ?

L’Essentiel de Thibaud Collin | L'entrée en vigueur de l'EVARS place les établissements catholiques sous contrat devant une contradiction majeure : enseigner une anthropologie contraire à la foi ou assumer un affrontement avec l'État. Ce programme, obligatoire dès la maternelle, interroge la possibilité, même pour une école catholique, de rester fidèle à son identité et à sa mission.

+

école catholique evars
SociétéÉducation

Inspections : l’Enseignement catholique dénonce des abus

Après avoir réclamé près d’un milliard d’euros de financements manquants, l’Enseignement catholique affronte une nouvelle épreuve : les 900 contrôles menés par l’Éducation nationale depuis l’affaire Bétharram. Devant les députés, Guillaume Prévost a dénoncé des pratiques « inacceptables » et demandé une mission parlementaire.

+

enseignement catholique Prévost inspection