Tout est à lire. Voici un extrait d’un article de Norrin R. sur le management parental, paru sur le site de Baptiste Rappin, Le Point de non retour (1 mai) : éclairant.
Le 22 avril 2020 le gouvernement diffuse un communiqué de presse indiquant que « Sophie Cluzel, secrétaire d’État auprès du Premier ministre en charge des Personnes handicapées, Adrien Taquet, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Solidarités et de la Santé et Claire Compagnon, déléguée interministérielle Autisme et troubles du neuro développement, invitent les parents qui le souhaitent et les professionnels qui cherchent des solutions innovantes pour accompagner les familles à expérimenter un programme de soutien à la parentalité en ligne ». Il s’agit en l’occurrence du programme Triple P ®, sur lequel nous reviendrons. Cette initiative est justifiée par le fait que « Le confinement met à l’épreuve tous les parents ». Il est vrai que ce confinement imposé aux parents par le gouvernement, faute d’avoir mieux à proposer, peut s’avérer éprouvant. L’initiative semble ainsi témoigner d’une authentique bienveillance à l’égard de nos compatriotes et à bien des égards relativement anecdotique. Elle est pourtant symptomatique d’un processus plus global qui affecte l’action socio-éducative et tout un volet de notre politique familiale, nous renseignant ainsi sur les moyens par lesquels l’État participe à un processus d’assujettissement progressif du secteur social aux intérêts du marché et de la sphère privée à l’idéologie managériale. Ce faisant, cet épiphénomène qui sera passé sous les radars de la critique, nous montre comment la crise sanitaire constitue un accélérateur des processus d’ajustement « nécessaires » entre les sphères du privé et du public – les deux évoluant constamment en parallèle, ainsi que l’illustrent pour exemple les travaux de Jacques Commaille. (…) Ce qui est relativement nouveau dans le domaine du soutien à la parentalité, c’est l’attrait des pouvoirs publics pour des programmes evidence based medecine ; soit la tentative de plus en plus prononcée de diffuser (et de financer) des programmes d’actions censés avoir démontré une efficacité scientifique, quels que soient les territoires d’application et les caractéristiques des familles bénéficiaires » – c’est-à-dire duplicables indépendamment de toute variation du contexte. Ces programmes, déjà mis en œuvre dans de nombreux pays sont aujourd’hui sur le marché du mal-être parental, et leur déploiement fait l’objet d’un intérêt particulier de la part de le l’administration en charge de la santé publique ; certains de ces programmes faisaient même l’objet de tentatives d’adaptation et d’expérimentation, avec le support de certaines Agences régionales de la santé (ARS). Se déploient donc dans le domaine socio-éducatif et familial, des logiques sanitaires, avec leur cortège d’études randomisées censé justifier, in fine, ce qui serait le plus efficace, et donc le bon emploi des fonds publics.
Dans La Nation (8 ami), une réflexion sur le plan économique à propos de la crise née de la pandémie
La présente crise liée au confinement imposé à la plupart des habitants de notre planète a démontré pour la première fois de manière évidente les effets néfastes des excès de la mondialisation, même au niveau macroéconomique, même pour un pays développé et exportateur comme la Suisse. Pour les générations nées après 1980, auxquelles la mondialisation était présentée, si ce n’est comme l’aboutissement de l’Histoire, au moins comme le seul idéal d’organisation économique, cette crise pourrait être l’occasion de découvrir certaines vertus tombées en désuétude dans les rapports commerciaux. (…) Le profit est une condition certes nécessaire, mais pas suffisante, et l’entreprise doit également poursuivre comme but d’inspirer à ses partenaires, à ses employés, à ses bailleurs de fonds, une confiance liée à la qualité de ses produits, à la stabilité de ses engagements, à la constance de sa politique du personnel. Cette confiance constitue un avantage y compris économique pour l’entreprise. Elle permet de justifier ses prix auprès des clients, d’attirer et de retenir les meilleurs employés, de s’attacher les fournisseurs les plus fiables. Ainsi, par la stabilité de ces relations, une forme de communauté, certes restreinte mais bien réelle, fleurit, renforce la force du corps social et participe au bien commun.
Et si on associait les maires au règlement de la crise. L’idée paraît bonne, estime Le Bulletin d’André Noël (10 mai), mais engendre des craintes :
Craignant la poursuite d’une mauvaise gestion de la crise par le gouvernement, les français plébiscitent une action au plus près menée par les élus locaux, maires en tête, mais aussi les préfets, les présidents des conseils départementaux, présidents de régions etc. Or les maires ne sont pas forcément d’accord pour se substituer à l’Etat en raison des risques judiciaires qui résulteraient d’une gestion qui leur serait reprochée par la suite. C’est pour la même rai- son que le gouvernement entend se défausser au maximum. Et pourtant seule une concertation entre les différents niveaux de responsabilité, que ce soit sur l’obligation de porter ou non des masques, la ré- ouverture des écoles ou des marchés, les conditions de déplacement, doit absolument être réalisée. La France est dans une mauvaise passe avec un PIB qui a chuté de 5.8% au premier trimestre alors que celui de la zone euro s’est situé à – 3.8%. A l’évidence le pouvoir s’est montré trop généreux prenant des engagements qu’il n’avait pas la capacité de souscrire, notamment en mettant 11.3 millions de salariés en chômage partiel (3 millions seulement en « travail réduit » en Allemagne).
Cette Revue de presse ne se contente pas de proposer des informations éphémères, mais vous offre aussi de découvrir des réflexions. Elle est là pour nous inviter à réfléchir. En ce sens, elle ne perd (presque) rien de son actualité. Elle se lit et se relit.
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