Depuis le 27 décembre, le pape François aborde les vices et les vertus lors de ses audiences générales. Après la gourmandise et la luxure, il s’est attaquée le 24 janvier à l’avarice. Ce péché capital est nocif pour la vie spirituelle car il mène à l’asservissement de l’homme, être raisonnable, à des biens matériels et inférieurs.
Après les vices de gourmandise et de luxure, le Pape aborde lors de l’audience générale du 24 janvier dernier, dans le cadre de ses catéchèses sur les vices et les vertus, le péché capital d’avarice. Saint Thomas d’Aquin l’oppose à la libéralité, vertu annexe de la justice qui se situe entre l’avarice et la prodigalité. L’avarice peut aussi aller contre la justice proprement dite ; elle serait alors plus aisément faute grave, tandis que si elle lèse seulement la libéralité, elle reste plus souvent vénielle. Mais il s’agit vraiment d’un vice et d’un vice détestable et très nocif pour la vie spirituelle.
Un instinct ancré
Très souvent, il n’est guère accusé en confession, tant cet instinct de possession est ancré dans l’homme adamique. En effet, le péché d’avarice est en soi un péché contre nous-mêmes, nous mettant dans une disposition d’âme déplorable, ayant une difformité spéciale, l’asservissement de l’homme, être raisonnable, à des biens matériels et inférieurs, Mammon et l’or devenant non seulement des idoles, mais encore de vrais dieux.
Certes, il est des fautes plus graves, comme celles qui vont directement contre Dieu. Certes, l’avarice est moins spirituelle que l’orgueil et moins charnelle que la luxure. Mais l’avarice vise des biens matériels, en vue d’un plaisir tout égoïste, qui est celui d’acquérir ou de posséder des biens matériels et de nous faire perdre les biens éternels. C’est en cela qu’en fin de compte l’avarice est un vice détestable et surtout dangereux.
De plus, en nous attachant aux biens, l’avarice s’oppose à la générosité. Pas question pour un avare de secourir son prochain ! Le Pape utilise une image convaincante : l’avarice est une maladie du cœur, pas du portefeuille.
Les Pères du désert, saint Benoît et les grands maîtres de la vie monastique ont été très sévères pour ce vice, qu’ils apparentent au vice de propriété. Le moine a certes tout quitté, mais il peut s’attacher à des babioles qu’il veut garder pour lui, sans jamais le partager, péchant par là gravement contre le vœu de pauvreté. Les gens du monde eux-mêmes doivent se méfier de ce vice qui nous attache à peu de choses, à la fascination de la bagatelle, selon l’expression du livre de la Sagesse.
Méfions-nous donc, moines et laïcs, de ce vice détestable qui pourrait nous créer de nombreux fétiches, dont il serait difficile, sinon impossible, de nous débarrasser. Ne retournons pas à la mauvaise enfance qui nous agripperait à nos jouets. « C’est à moi et ce n’est pas à un autre » ! Cet attachement prive de toute liberté. L’avare est esclave de l’argent et surtout de lui-même.
Face aux fins dernières
Les moines proposèrent une méthode radicale : la méditation sur les fins dernières. On peut accumuler beaucoup de biens sur terre et en devenir avare, mais nous devrons tous les laisser dans le cercueil. Une toute jeune fille disait à ses parents au bout de plusieurs déménagements : « Ah quoi bon, tant de valises. Pour le seul déménagement intéressant, celui du Ciel, nous n’en aurons aucune ! » Cela nous montre l’absurdité de ce vice ! Soyons vigilants. Il nous guette tous et toujours. Il est si facile d’y donner prise.
Mais pourquoi l’avarice a une telle emprise sur les âmes ? Parce qu’en réalité, elle cherche à exorciser la mort. En accumulant les biens, on se croit en sécurité. Quelle illusion ! Nous mettons notre bonheur et notre sécurité dans des choses non seulement passagères, mais qui encore tôt ou tard s’écrouleront. Songeons à l’homme insensé de la parabole de saint Luc : « Cette nuit même, on va te redemander ton âme. »
Dans l’Évangile, le Seigneur donne un remède contre l’avarice : les voleurs. Certes, leur action est peccamineuse, mais pourtant le Seigneur nous donne leur exemple pour ne pas amasser sur terre : « Ne vous faites pas de trésors sur la terre, là où les voleurs percent les murs pour les voler. » Nous pouvons et devons être les maîtres de nos biens, mais faisons bien attention qu’ils ne finissent pas par nous posséder nous-mêmes.
Demandons à la servante du Seigneur, l’humble et pauvre Marie, de nous garder de ce vice détestable qui risquerait de nous engager dans l’impasse de l’infélicité.
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