Sainte Joséphine Bakhita : modèle du pardon qui libère

Publié le 18 Oct 2023
Bakhita esclave Pape François

Sainte Joséphine Bakhita

Lors de la dernière catéchèse sur la passion pour l’évangélisation et le zèle apostolique du croyant, pendant l’audience du 11 octobre, le Pape a parlé d’une des saintes préférées de Benoît XVI, qui lui avait d’ailleurs consacré une longue partie de son encyclique Spe salvi.

Née vers 1869 dans le Darfour, au Sud Soudan, Bakhita fut enlevée à 9 ans par des trafiquants d’esclaves, battue jusqu’au sang et vendue cinq fois. Toujours esclave, elle fut au service de la mère et de la femme d’un général, et elle fut chaque jour battue jusqu’au sang. Elle en garda, toute sa vie, de nombreuses cicatrices.

En 1882, elle fut vendue au consul italien Callisto Legnani qui fut ensuite contraint à revenir en Italie. Là, Bakhita, la chanceuse, connut un Maître totalement différent qu’elle appelait Paron, le Dieu vivant et son Fils Jésus-Christ. Jusqu’alors, elle n’avait connu que des maîtres qui la méprisaient et qui la maltraitaient ou qui, dans le meilleur des cas, la considéraient comme une esclave utile. Désormais elle connut le « Seigneur des seigneurs », la bonté en personne.

Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu’il l’avait créée, et, plus encore, qu’il l’aimait. Elle était aimée par le Paron suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que des serviteurs. De plus, ce Maître, Jésus, avait lui-même été flagellé et couronné d’épines et maintenant il l’attendait à la droite de son Père.

Elle possédait maintenant une véritable espérance, non plus la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance d’être définitivement aimée par l’Amour en personne. Sa vie en fut complètement transformée : elle ne se sentait plus une esclave ; elle était rachetée et une fille libre de Dieu.

Elle comprit ce que saint Paul disait aux Éphésiens : avant ils étaient sans espérance parce que sans Dieu. Aussi, quand on voulut la renvoyer au Soudan, Bakhita refusa ; elle n’était pas disposée à être de nouveau séparée de son Paron. Le 9 janvier 1890, elle fut baptisée et confirmée, et reçut sa première communion des mains du Patriarche de Venise.

Le 8 décembre 1896, à Vérone, elle prononça ses vœux dans la Congrégation des Sœurs canossiennes et, dès lors, en plus de ses travaux à la sacristie et à la porterie du couvent, elle chercha dans ses différents voyages en Italie à appeler à la mission, en évoquant la libération qu’elle obtint à travers sa rencontre avec Jésus. L’espérance qui était née pour elle et qui l’avait rachetée, elle ne pouvait pas la garder pour elle, mais se devait de la donner au plus grand nombre de personnes possible. Elle fut canonisée par Jean-Paul II.

Le Pape rappelle la profonde actualité de Bakhita, dont nous venons de retracer en grandes lignes la vie. Le Soudan de nos jours est déchiré par un conflit terrible, malheureusement caché par les médias. Mais Bakhita prie pour son pays et lui rappelle l’urgence et la nécessité du pardon chrétien.

Une personne blessée à mort désire trop souvent se venger, ou du moins blesse assez facilement à son tour. Mais Dieu libère l’homme de ces entraves diaboliques. Bakhita, au lieu de se venger, a non seulement pardonné, mais elle est devenue une âme compatissante, souffrant avec les victimes et priant pour les bourreaux, non pas en justifiant leurs crimes, mais en les aimant et ainsi en les humanisant.

Elle nous offre une grande caresse : humaniser pour déifier. Elle méditait tous les jours la parole de Jésus pardonnant sur la Croix ; et en regardant Marie, elle aussi modèle du pardon qui libère, elle sut, comme saint Jean, la prendre pour Mère.

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

ÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Kyrie 11 Orbis Factor (temps ordinaire)

C’est probablement ce Kyrie 11 qui est le plus célèbre et le plus connu des fidèles, après le Kyrie 8 de la messe des anges.. Il se chante habituellement les dimanches du temps ordinaire et existe sous deux formes, l’une plus brève et plus antique (Xe siècle) ; l’autre plus prolixe, la plus connue, qui n’est qu’un développement mélodique du précédent, et qui se serait propagée entre le XIVe et le XVIe siècle. C’est un Kyrie du 1er mode, admirable de paix et de sérénité.

+

communion kyrie introït séquence pâques ascension glória
ÉgliseChrétiens dans le monde

Catholicisme américain (4/4) : Un monde en tension

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | Aux États-Unis, quatrième pays du monde par le nombre de catholiques, la foi s’inscrit dans un contexte contrasté où se mêlent ferveur liturgique, divisions doctrinales et stratégies d’influence sur la scène publique. Entre tradition et modernité, le catholicisme américain est à un tournant où l’arrivée d’un pape originaire du pays pourrait bien rebattre les cartes.

+

catholicisme américain
Église

Catholicisme américain (2/4) : Rome et Washington, rencontre au sommet

Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures » | La récente rencontre entre le pape Léon XIV et le sénateur J. D. Vance soulève des questions majeures sur l’avenir des relations entre Rome et Washington. Retour sur les enjeux géopolitiques, spirituels et symboliques de cet échange inattendu, dans un contexte où les catholiques américains retrouvent un nouvel élan sous l’impulsion d’un pape originaire des États-Unis. Entretien avec Nikola Mirkovic, auteur de L’Amérique empire.

+

catholicisme américain Trump Léon XIV Vance