Carburants : pénurie de bon sens ?

Publié le 06 Oct 2023
carburant

Une envolée des prix à la pompe qui ne va pas s'arrêter là.

Le gouvernement s’est beaucoup agité ces dernières semaines pour « répondre » à l’augmentation inédite des carburants. Avec quelles solutions ? Eric Doutrebente, président du comité de surveillance de la Financière Tiepolo nous éclaire.

  La flambée des prix du carburant n’a échappé à personne. Sur les deux derniers mois, nous avons subi une hausse de 20 centimes par litre sur le diesel. L’essence s’apprécie quant à elle de 12 centimes sur la même période. Dans l’illusion de combattre cette envolée, le Premier ministre a annoncé le 16 septembre dernier une mesure inédite. Les distributeurs ont été autorisés à vendre de l’essence « à perte » à compter du mois de décembre et ce pendant 6 mois. Les réactions des différents acteurs concernés ne se sont pas fait attendre : un tollé général contre le gouvernement. Les principaux distributeurs non producteurs (E. Leclerc, Carrefour, Intermarché et Système U) s’opposent conjointement à cette mesure. Le patron de Carrefour, Alexandre Bompard, déclare quatre jours après la sortie du Premier ministre que son groupe « ne vendra pas à perte ». Patrick Pouyanné, PDG du producteur et raffineur TotalÉnergies, fort de ses 3 400 stations-service (30 % du réseau français) affirme également qu’il « ne descendra pas plus bas » que les 1,99€ du plafond déjà annoncé récemment. Fin de non-recevoir de la part des grands distributeurs.  

Inquiétude générale

Les revendeurs indépendants ont également fait front, s’inquiétant d’une concurrence déloyale pouvant entraîner une baisse de fréquentation de leurs stations. Insupportable pour leur survie et néfaste au pouvoir d’achat des Français. Il faut le dire, cette mesure fait entorse à la loi du 2 juillet 1963. Dans le but de protéger sur le long terme les consommateurs en assurant une concurrence, cette dernière interdit la vente à perte (taxes et coûts de transport inclus) de tous produits, hors périodes de soldes. Partant de bonnes intentions, la déclaration d’Élisabeth Borne semble alors mal inspirée. Économiquement d’abord, avec un risque significatif de distorsion de concurrence. Cela au détriment du contribuable qui, économisant quelques centimes à court terme – les revendeurs ne faisant que 1 à 2 centimes de marge par litre –, se verrait subir une force de fixation des prix à plus long terme de la part des acteurs « survivants ». Puis au détriment des distributeurs indépendants (20 % de nos 11 150 stations-service) voyant leur activité en péril et inquiets quant à la…

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Éric Doutrebente

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