Par les temps qui courent, il semble que le vrai clivage du monde se situe moins dans une orientation est-ouest géographique de la planète que sur une ligne invisible entre la matière et l’esprit. Ce serait une banalité de penser cela si notre comportement humain n’était pas toujours à la recherche d’utopie. Aujourd’hui, pour matérialiser la faille qui traverse les esprits, les idéologies de la démocratie et de l’autocratie ont construit des édifices mentaux qui nous enferment dans la promesse d’un monde meilleur, en deçà de la réalité et de la nature humaine. La dictature gouverne par la contrainte et paraît justifiable à certains, tandis que la démocratie, trop généreuse, devient absurde quand la vérité dépend du plus grand nombre de voix. Alexis de Tocqueville, dans son ouvrage sur l’Amérique, parlait du danger que représentait la « tyrannie de la majorité », si bien connue de nos jours. Cependant, contrairement à tous les systèmes autocratiques conçus par l’homme, seule la démocratie respecte, malgré tout, la liberté de choisir entre le bien et le mal, à la condition que nous soyons conscients de ces options. En un mot, sans éducation, la démocratie mène à des impasses. Sur quels principes faudrait-il bâtir un système éducatif de la liberté plutôt que sur la coutume ou la tradition ? La réponse vient de notre conscience. Le libre choix de chacun fait de nous des êtres humains, non des esclaves. Les lieux de cet enseignement se trouvent partout – dans la famille, à l’école, dans la rue et dans les médias. Assortis de sondages variés, la presse et les moyens de communication expriment une majorité d’opinion qui ne nous apprend pas forcément la vérité. Les éducateurs doivent léguer aux générations futures le discernement nécessaire pour la transmettre. Il ne s’agit pas d’une idée mécanique ou d’une réforme de plus dans nos institutions existantes, mais de rouvrir les pages du passé, du présent et de l’avenir, comme le fait le Christ qui nous montre la voie, la vérité et la vie. Les écologistes se contentent de revenir à la nature visible ; mais les chrétiens ont une longueur d’avance sur eux en revenant au récit surnaturel de la Genèse, avec ou sans métaphores. À la lecture du texte biblique, on voit clairement comment le péché a créé le…
Quadragesimo anno et la justice sociale
Questions de Principe | Avec l’encyclique Quadragesimo anno, le pape Pie XI a introduit dans le vocabulaire du magistère social de l’Église le terme de « justice sociale » dont l’usage est devenu fréquent au risque de perdre de son sens.