Le 21 novembre, le Pape publiait une lettre sur l’Histoire de l’Église, insistant sur la formation des chrétiens et des séminaristes en particulier.
Le 21 novembre dernier, le pape François a publié une Lettre sur le renouvellement de l’étude de l’histoire de l’Église. Elle est d’un ton très différent de la célèbre Lettre sur les études historiques publiée par Léon XIII le 18 août 1883 et qui reste une référence pour les historiens de l’Église et pour l’enseignement de l’Histoire en général. On se serait attendu à au moins une référence à cette Lettre. Le pape François, hormis quatre citations du concile Vatican II, ne fait référence qu’à ses propres discours ou enseignements. Son plaidoyer est néanmoins solidement établi : « Personne ne peut vraiment savoir qui il est et ce qu’il entend être demain sans nourrir le lien qui l’unit aux générations qui l’ont précédé. […] Une sensibilité historique correcte aide chacun de nous à avoir le sens des proportions, le sens de la mesure et une capacité à comprendre la réalité sans abstractions dangereuses et désincarnées, telle qu’elle est et non pas telle qu’on l’imagine ou qu’on voudrait qu’elle soit. » Le Pape insiste sur « la nécessité d’une plus grande sensibilité historique » chez les fidèles et d’un solide enseignement de l’histoire de l’Église aux futurs prêtres, « à une époque où se développe une tendance à vouloir se passer de la mémoire ou à en construire une adaptée aux exigences des idéologies dominantes ». Le Pape met en garde aussi contre les « récits historiques “tendancieux” », le « déferlement de mémoires, souvent fausses, artificielles, voire mensongères, et en même temps une absence d’histoire et de conscience historique dans la société civile et même dans nos communautés chrétiennes ». Dans cette Lettre il y a un passage très surprenant où le Pape écrit : « Selon une tradition orale que je ne peux confirmer par des sources écrites, un grand théologien français disait à ses étudiants que l’étude de l’histoire de l’Église protège du “monophysisme ecclésiologique”. » Il est étonnant qu’aucun des collaborateurs qui l’ont aidé dans la rédaction de cette lettre n’ait pris le temps de retrouver l’auteur de cette expression. Il s’agit du dominicain Yves Congar qui l’a employée à plusieurs reprises dans ses écrits. La première fois c’était en 1937, dans Chrétiens désunis : principes d’un “œcuménisme” catholique. Il y exposait que « nier » ou oublier « la nature humaine » de l’Église « serait monophysisme »…