En finir avec l’idéologie (1)
La mort d'Alexandre Soljénitsyne a surpris l'Occident en pleine période de vacances. Les yeux fixés sur leurs loisirs, les Occidentaux ont entendu à nouveau la presse évoquer la souffrance du Goulag, les millions de morts et la tragédie de l'extermination organisée. Dur retour à la réalité !À l'initiative de la revue Commentaire, les éditions Fayard viennent de publier un essai consacré à Soljénitsyne signé par l'américain Daniel J. Mahoney. Sous le nom de l'écrivain russe, il y a ce simple, mais ambitieux surtitre : « En finir avec l'idéologie ». Je viens juste d'entreprendre la lecture de cet ouvrage, mais je voudrais déjà en parler. La raison en est simple. Il me semble que plutôt que d'explorer, pan après pan, l'œuvre immense de Soljénitsyne, Daniel J. Mahoney a choisi une voie particulièrement féconde qui est celle de saisir le dessein profond de l'écrivain. En s'attachant à la pensée politique de Soljénitsyne, l'auteur apporte des éléments de réflexions à prendre en compte face aux problèmes auxquels nous sommes nous-mêmes confrontés. L'ouvrage s'ouvre sur une préface d'Alain Besançon. Il rappelle ce que l'on doit à Soljénitsyne dans la compréhension du communisme. Il écrit ainsi :« Il a compris que le communisme ne reposait pas d'abord sur la police, sur l'armée, sur une bureaucratie privilégiée, sur une caste de profiteurs, ni même sur la terreur, mais sur une chose indéfinissable, sur une formation mentale bizarre, sur une maladie de la pensée, sur une perversion linguistique. Il l'a nommée de son nom officiel, idéologie, et de son nom métaphysique, mensonge. »Comme il se doit pour un préfacier, Alain Besançon présente l'auteur et son livre, mettant en relief ce qu'apporte Mahoney : la modération de Soljénitsyne; sa conception décentralisatrice de l'organisation de la société...


