> Dossier : « Catholicisme américain : entre puissance et fractures »
Moins de 25 000 au moment de l’indépendance américaine, les catholiques sont aujourd’hui 70 millions, faisant des États-Unis le quatrième pays qui en compte le plus après le Brésil, le Mexique et les Philippines.
L’Église catholique aux États-Unis a une triple origine. Espagnole au sud-ouest, avec dès 1540 une première mission franciscaine dans l’état actuel du Nouveau-Mexique et au XVIIIe siècle l’immense travail apostolique de saint Junipero Serra en Californie, où il a fondé neuf missions qui seront, pour la plupart, à l’origine des villes de la région. Française au nord-est, avec des missionnaires venus du Canada qui s’établissent dans la région des Grands Lacs, le long du Mississippi et jusqu’en Louisiane. Anglaise et irlandaise le long de la côte atlantique, avec notamment le baron Cecil Calvert qui en 1632 reçoit du roi Charles Ier le Maryland, ou encore les trois familles Carroll, venues d’Irlande en 1688, 1715 et 1720. Au moment de la guerre d’Indépendance, les Carroll seront parmi les fondateurs de la République des États-Unis. En 1784, le pape Pie VI reconnaît le nouvel État et fonde la Préfecture apostolique des États-Unis qu’il confie à John Carroll, nommé ensuite évêque de Baltimore. Premier évêque américain, Mgr Carroll associait liberté religieuse et liberté civile et croyait aux vertus pacificatrices de la séparation de l’Église et de l’État.
L’apport de l’immigration
L’apport migratoire est pour beaucoup dans la forte croissance du catholicisme aux États-Unis. En 1836, selon le rapport adressé par un évêque américain à Rome, il y a un million de catholiques aux États-Unis et, sur les quelque 400 prêtres qui exercent leur ministère dans le pays, 83 seulement sont nés sur le sol américain, les plus nombreux étant irlandais (118) et français (85). Le dynamisme de l’Église catholique américaine se fonde aussi, dès l’origine, sur une solide base communautaire : les trustees, les comités de laïcs associés à l’administration de la paroisse et au développement de ses œuvres. À plusieurs reprises, ils devront être recadrés pour ne pas prétendre dominer le clergé. Les congrégations religieuses, d’origine européenne ou nées aux États-Unis, ont joué également un rôle très important. Par exemple, les Sœurs de la Charité de Saint-Joseph, fondées dès 1809 par l’Américaine Elizabeth Seton et qui créeront de très nombreuses écoles paroissiales. Parmi les pionniers qui ont entrepris au XIXe siècle la…