CCNE : un scandale couru d’avance

Publié le 27 Sep 2013
CCNE : un scandale couru d'avance L'Homme Nouveau

Nouveau coup de massue pour les défenseurs de la famille traditionnelle et de la filiation : la nomination de nouveaux membres du Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE), effective depuis mai dernier et révélée ce 21 septembre. Le renouvellement obligatoire se limitait à sept personnes, ce sont pourtant 22 nouveaux membres qui ont été désignés pour collaborer à la mission de conseil dévolue au CCNE. L’Élysée a non seulement fait le choix de s’entourer de personnalités clairement proches du gouvernement en place mais il a aussi évincé les religieux qui siégeaient habituellement au CCNE comme représentants des différentes « familles philosophiques et spirituelles », pour les remplacer par des laïcs. Neutralité. C’est l’argument convoqué par les membres de CCNE qui se sont exprimés lors de la publication des nominations qui fut amplement commentée dans la presse. Car nous sommes dans un pays où avoir une religion n’est pas neutre. Mais être l’avocat de François Hollande comme Jean-Pierre Mignard, c’est visiblement être neutre. Militer pour les droits des personnes transsexuelles et la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de lesbiennes comme la sénatrice Michelle Meunier, c’est aussi être neutre.

ccne

Le Conseil en question ayant été prié par le gouvernement de se prononcer sur la PMA et la gestation pour autrui (GPA) pour les couples homosexuels, le choix des nouveaux membres n’est rien de moins qu’une opération de mainmise sur le CCNE, une façon pour l’État d’asseoir un peu plus sa suprématie. En 2005, le CCNE s’était prononcé contre la PMA pour les « 

paires » de femmes dans son avis intitulé « Accès aux origines, anonymat et secret de la filiation » et l’avait confirmé en 2010. Prudente, le ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem avait affirmé à plusieurs reprises au début du débat sur la légalisation du « mariage » homosexuel que le CCNE n’avait qu’une fonction consultative et que le gouvernement n’était en aucun cas obligé de se soumettre à l’avis des quarante éminences grises qui forment ledit conseil. Seulement, François Hollande déclarait le 25 janvier dernier qu’il se soumettrait à l’avis du CCNE sur la PMA, pour faire semblant d’autoriser un débat sur la question. Se soumettre à des personnes du même avis que soi est plus commode, et le Président, pragmatique, s’est offert ce luxe.

Cette histoire de nominations prend des allures de farce mais n’a rien de bien étonnant et si d’ailleurs le CCNE avait été composé de personnalités plus conservatrices, leur avis n’aurait pas pu changer la donne : leur rôle est exclusivement consultatif. Ce ne sont pas des centaines de milliers de manifestants qui ont pu faire reculer le gouvernement sur la loi Taubira, quarante personnalités ne pèseraient pas plus dans la balance, même si le gouvernement feint de s’intéresser à l’avis de ceux que l’on présente comme des sages. Pour la machine si bien huilée du système, un grain de sable ne suffit pas…

« La contribution la plus utile que l’on puisse attendre du comité dans sa diversité, c’est une réflexion collective originale qui, à mesure qu’elle se construit, fait évoluer le point de vue initial de chacun de ses membres. Pour cette raison, il ne devrait pas y avoir de préjugé, à partir de la composition du comité, quant à la teneur des avis qu’il rendra », déclarait doctement Jean-Claude Ameisen, président du CCNE, après les accusations de manquement à la neutralité si chère à la République française proférées à l’encontre du Conseil suite aux nominations de ses nouveaux membres. Outre qu’il nous prend pour des imbéciles, Jean-Claude Ameisen manifeste, par ces quelques mots, la méthodologie qui prévaut dans la réflexion du CCNE. La sémantique du consensus, du mouvement, du constructivisme, de la tolérance, tout y est : « diversité », « collective », « se construit », « évoluer », « préjugé »… Les propos sont limpides : on n’attend pas du CCNE qu’il émette un avis, sinon tendant à la vérité, au moins fondé sur une véritable expertise scientifique et philosophique. Son utilité vient de sa capacité à faire évoluer les positions de chacun, non pas jusqu’à ce que mort s’ensuive, mais jusqu’à ce que consensus s’ensuive, ce qui revient à peu près à la mort de la pensée.

Ce n’est plus la teneur de l’avis mais le processus d’élaboration et la méthodologie adoptée qui en fondent la pertinence, consommant la rupture entre pensée et réalité.

Effectivement, ces nominations sont un scandale, tout était pourtant prévisible et rien ne sert de s’offusquer de ce que le gouvernement étende son idéologie à toutes les institutions. Nous savons depuis longtemps que nous devons composer sans eux pour défendre la vie et la famille.

Rien à signaler donc !

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