Cette Europe qui rêve d’une GPA « éthique »

Publié le 31 Mar 2016
Cette Europe qui rêve d’une GPA « éthique » L'Homme Nouveau

Quel est, dans l’Europe de 2016, le point commun entre une pince à linge et un utérus ? Ils sont tous les deux commercialisables, dans certains pays du moins, comme la Grèce, le Royaume-Uni, la Roumanie ou la Belgique et une large partie des dirigeants, à échelle nationale ou internationale, voudraient élargir cette pratique à d’autres pays. Le Conseil de l’Europe, institution plus large que l’Union Européenne puisqu’il regroupe 47 pays, devait se prononcer le 15 mars dernier sur un projet de rapport et de résolution pour encadrer la GPA, c’est-à-dire l’autoriser dans tous les pays membres sous certaines conditions. Le projet de rapport a été rejeté par 16 voix contre 15 et le projet de résolution par 16 voix contre 14, ce qui met fin pour l’instant au processus de vote.

Des opposants divers

Ce projet de résolution avait soulevé l’indignation de nombreuses personnalités et associations qui semblaient pourtant ne jamais devoir combattre pour une même cause, en particulier l’Union Internationale pour l’abolition de la gestation pour autrui, regroupant des associations européennes de défense de la vie (avec notamment « La Manif pour Tous » et Alliance Vita pour la France) et de nombreuses associations féministes ou militantes pour les droits des personnes homosexuelles. C’est ainsi, par exemple, que se tenaient le 2 février dernier à l’Assemblée nationale, les Assises pour l’abolition universelle de la maternité de substitution, organisées notamment par la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (Cadac), la Coordination lesbienne en France (CLF) et le Collectif pour le respect de la personne (CoRP) qui milite au niveau européen contre la GPA. De?leur?côté, les associations mem­bres?de l’Union Internationale pour l’abolition de la gestation pour autrui organisaient de nombreuses manifestations et relayaient la pétition « No maternity traffic », qui a rassemblé plus de 107 000 signatures.

Marchandisation des femmes

Leur leitmotiv : le corps de la femme ne se marchande pas et la maternité de substitution est une atteinte à la dignité et aux droits les plus élémentaires de la femme comme de l’enfant. Pourtant, le Conseil de l’Europe avait tenté de rassurer les opposants à la GPA en parlant d’encadrer la pratique, faisant ainsi miroiter la possibilité d’une GPA « éthique ». Deux écoles s’affrontent donc au niveau de la société civile comme des institutions politiques. Ceux qui, d’une part, estiment qu’il est légitime de fabriquer un bébé dans une éprouvette, de l’implanter dans le corps d’une femme pour le donner ensuite à un couple en mal d’enfant, pourvu que les normes d’hygiène soient respectées et que les personnes concernées soient consentantes. Ceux qui, d’autre part, jugent que le seul fait de consentir à un acte n’en fait pas, ipso facto, un acte bon et que la personne humaine ne se marchande pas. D’ailleurs, pour preuve de cet affrontement, le Parlement européen avait voté, en décembre 2015, son « Rapport annuel de 2014 sur les droits de l’homme et la démocratie dans le monde » qui « estime que cette pratique, par laquelle les fonctions reproductives et le corps des femmes, notamment des femmes vulnérables dans les pays en développement, sont exploités à des fins financières ou pour d’autres gains, doit être interdite ».

Car tous le savent désormais, ce sont les femmes pauvres qui acceptent, moyennant finances, de porter l’enfant d’une autre. Ces dernières années, le voile a été levé sur ces cliniques indiennes où des dizaines de femmes sont parquées dans des dortoirs le temps d’une grossesse pour livrer ensuite l’enfant, pourvu qu’il soit conforme aux attentes des commanditaires ! Mais même si la GPA devenait un passe-temps de femmes riches et qu’elles vivaient leur grossesse dans les meilleures conditions possibles, cette pratique n’en resterait pas moins une perversion absolue puisqu’elle fait du corps de la femme une machine soumise aux lois du marché et fait de l’enfant un objet du désir et non plus un fruit de l’amour. C’est la loi de « l’enfant si je veux quand je veux », qu’on avorte ou fabrique à l’envi.

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