Les fêtes johanniques d’Orléans se célèbrent chaque année autour d’une jeune fille désignée pour représenter sainte Jeanne d’Arc. Pour 2023, c’est Clairvie Quesne, qui espérait cela depuis des années, qui a été choisie. Portrait.
« Jeanne d’Arc ? Elle est arrivée tout à l’heure à cheval, vous la trouverez dans cette petite pièce ». C’est ainsi que m’accueille le sympathique maître hôtel du « Chez Françoise » à Paris, pour mon entretien avec Clairvie Quesne qui doit représenter Jeanne d’Arc aux prochaines fêtes johanniques à Orléans. Cette dernière m’attend sagement, avec sa maman et Inès, chargée de communication de l’association Orléans Jeanne d’Arc. Fraîchement revenue de son pèlerinage sur les pas de la sainte, Clairvie voit enfin se réaliser son rêve de petite fille.
Une enfance à Orléans
Née à Orléans et ayant toujours vécu près du campo santo où se déroule chaque année le marché médiéval des fêtes johanniques, Clairvie se déguisait en sainte Jeanne d’Arc dès l’âge de 5 ans. Sa maman, Chantal Quesne me montre une photo de journal datant de 2011 : on y reconnait Clairvie, assistant aux fêtes johanniques avec deux autres petites filles. La légende est prémonitoire : « les petites princesses rêvent de devenir la future Jeanne d’Arc »
Devenir la future Jeanne d’Arc fait partie des prières de Clairvie depuis ce temps-là, et au fur et à mesure des années, elle a tout mis en œuvre pour y parvenir. Afin d’être sélectionnée par le jury, il fallait avoir des engagements au service des autres. Clairvie ne s’est donc pas ménagée, en choisissant tout, comme Ste Thérèse de Lisieux, sa deuxième sainte préférée après Jeanne d’Arc, parce qu’elle était attachée à cette dernière, et que c’est la sainte patronne de sa compagnie.
Outre le scoutisme, Clairvie visite donc les mamans en difficulté avec leurs bébés ainsi que des personnes âgées, et sert des repas aux plus démunis avec l’association Magdalena. Elle prépare également les élèves de 6ème à la profession de Foi.
Réservée sans être timide, la jeune fille énumère tous ses engagements le plus tranquillement du monde, et sa maman doit même lui rappeler : « il y a ton groupe de prière aussi ». Lorsqu’on lui demande si elle va devoir arrêter certaines de ces activités pendant cette année où elle va représenter Jeanne, Clairvie répond par la négative. Peut-être qu’il faudra les espacer, mais en aucun cas elle n’arrêtera. « Elle en a besoin, et ce serait malsain d’arrêter », confirme Chantal Quesne.
A 16 ans, Clairvie remplissait donc tous les critères pour présenter son dossier à l’association Orléans Jeanne d’Arc : orléanaise, catholique pratiquante, engagée. Petite dernière d’une famille de quatre, elle a toujours été soutenue par ses parents, ses frères et sœurs, et surtout son grand-père, qui l’accompagneront d’autant plus dans le processus de sélection.
Interrompant sa dégustation de thé glacé, Clairvie raconte : « en attendant les résultats, je me posais plein de questions. J’étais fière de ma lettre mais je repensais à l’entretien. J’ai été très surprise quand j’ai reçu l’appel, et j’ai beaucoup pleuré. » Au moment d’appeler sa maman, impossible de sortir un mot, elle pleurait toujours. Chantal Quesne, qui attendait l’échéance avec appréhension, s’est efforcée de consoler son enfant, avant que Clairvie ne parvienne à s’écrier : « Maman, j’ai été prise ! ». Son grand-père aussi a pleuré, ses frères et sœurs étaient très fiers.
Vivre dans les pas de Jeanne
Et Jeanne ? En dehors des fêtes johanniques, qui représente-t-elle pour la jeune fille ? Depuis toute petite, Clairvie a une passion pour cette sainte. « Son histoire est incroyable, elle est pour moi un modèle de Foi ! Elle a sauvé la France en trois mois, sans se soucier du regard des autres. Elle a donné toute sa vie pour Jésus, jusqu’au bûcher. »
Le pèlerinage qui l’a menée de Domrémy à Rouen, en passant pas Vaucouleurs, Reims et Compiègne, a permis à Clairvie de mettre véritablement ses pas dans ceux de la sainte qu’elle représentera du 29 avril au 8 mai prochains. Son étape préférée : Domrémy, « car c’est là que tout a commencé ». Les habitants étaient évidemment très bienveillants envers cette jeune fille qui va représenter leur sainte, et Clairvie « aime bien les gens ». Ce moment très fort pour elle fut l’occasion d’une connaissance plus historique de Jeanne et du passage dans les églises où elle a prié.
Désormais Clairvie se prépare aux prochaines étapes qui la mèneront jusqu’aux fêtes johanniques : les cours particuliers d’équitation avec le 12ème Cuirassier, les essayages des costumes et de l’armure, un deuxième pèlerinage à Chinon et Ste Catherine de Fierbois, là où fut trouvée l’épée de Jeanne.
La jeune fille garde son grand sourire, encadré de beaux cheveux longs qu’elle devra couper pour les fêtes johanniques afin d’enfiler plus commodément l’armure de Jeanne. Tout doit être le moyen d’aider les autres : ses cheveux seront coupés le plus tard possible et envoyés à une association.
L’engagement devant les trois ordres (civil, militaire et religieux) a de quoi impressionner Clairvie qui se montre pourtant sereine ; elle se sait bien accompagnée. Chantal Quesne offre son regard de maman sur l’aventure de sa fille : « le fait de représenter les trois ordres permet à Jeanne de toucher n’importe qui au moment où elle sera en contact avec la population. Avec les deux pages qui l’accompagnent, ils sont une jeunesse qui n’a pas peur d’exprimer sa Foi en public. Cela force l’admiration. »
Comme pour sa promesse scoute, Clairvie n’attend aucun avantage matériel du grand honneur qui lui est fait. Elle sait que ces fêtes johanniques approfondiront sa Foi et qu’elle sera sûrement plus engagée en en revenant.
Et plus tard ? Clairvie veut devenir journaliste, comme Charlotte d’Ornellas qui représenta Jeanne il y a quelques années et qu’elle admire beaucoup, « pour faire aimer la France ».
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