La Confirmation, un rite antique distinct du baptême (2/3)

Publié le 18 Avr 2024
confirmation

Bas-relief du IVe ou du Ve siècle montrant les deux rites distincts du baptême et de la confirmation. © CC BY-SA 3.0, Sailko

Dès les Actes de Apôtres et chez de nombreux Pères de l’Église, les rites et la signification de la confirmation sont attestés, la liturgie se codifiant au fil des siècles. Retour sur une longue évolution.

  La confirmation, que l’Église compte parmi les sept sacrements institués par le Christ (cf. concile de Trente, VIIe session), ne paraît pas de façon explicite dans le Nouveau Testament, au point que les deux grands réformateurs, Luther et plus encore Calvin, l’ont rejetée, rejoints en cela, à la fin du XIXe siècle, par les critiques modernistes. Pourtant, en plusieurs endroits, notamment dans les Actes des Apôtres, est mentionnée l’existence d’un rite distinct du baptême et postérieur à lui, destiné à le compléter par le don de l’Esprit Saint. Au chapitre VIII, on voit les apôtres Pierre et Jean imposer les mains aux Samaritains convertis et baptisés par le diacre Philippe (v. 14-17). Il est notamment précisé que l’Esprit Saint « n’était encore tombé sur aucun d’eux, car ils avaient seulement été baptisés au nom du Seigneur Jésus » (v. 16). Plus tard, saint Paul reproduira le même geste pour les chrétiens d’Éphèse (Ac 19,1-6) : « Ils reçurent le baptême au nom du Seigneur Jésus ; et quand Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux » (v. 5-6a).  

La grâce de la pentecôte continuée

Ce rite complémentaire s’est perpétué dans l’Église bien après la disparition des charismes de ses commencements. N’est-ce pas précisément parce qu’un effet plus intérieur, de purification et de force, en était l’objet essentiel ? D’où cette affirmation de Paul VI : « Cette imposition des mains [par les apôtres] est reconnue à bon droit par la tradition catholique comme l’origine du sacrement de confirmation qui perpétue, en quelque sorte, dans l’Église, la grâce de la Pentecôte » (constitution Divinæ consortium naturæ, 15 août 1971). Dans les écrits des auteurs chrétiens des deux premiers siècles, on ne trouve au mieux que des allusions à ce don de l’Esprit Saint. Au IIIe siècle, en revanche, les témoignages se font plus nombreux et de plus en plus explicites. Chez plusieurs pères, dont Tertullien († 220) ou saint Ambroise de Milan († 397), « après le bain baptismal et avant le repas eucharistique, plusieurs gestes rituels sont indiqués : onction, imposition de la main, signation » (Paul VI, loc. cit.). Pour saint Cyprien de Carthage…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Pierre Julien

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSociétéArt et Patrimoine

Saint-Pierre de Rome : Le chef-d’œuvre collectif de la chrétienté universelle

Hors-série n° 60-61 | La consécration de la nouvelle basilique Saint-Pierre de Rome eut lieu exactement 1300 ans après celle de Saint-Pierre du Vatican. Pendant près de deux siècles, l'action continue de plus de 20 papes, le concours d'artistes de génie tels que Bramante, Raphaël, Michel-Ange, Maderno ou le Bernin, permirent à un chef d'œuvre d'harmonie de voir peu à peu le jour : l'église-mère de toute la chrétienté.

+

saint-pierre basilique
À la uneÉgliseLiturgie

Noël : la liturgie rappelle que la lumière revient

L’Esprit de la liturgie | À l’approche de Noël, les antiennes ramènent l’Église à la naissance de Jésus tout en rappelant qu’il reviendra dans la gloire. En cette année du centenaire du Christ-Roi, les textes liturgiques insistent sur une idée simple : au cœur de la nuit, Dieu fait briller une lumière qui dépasse l’Histoire et ouvre à l’espérance.

+

noël lumière jésus
ÉgliseSpiritualité

Saint Charbel (4/5) : Un Breton guéri par l’intercession du saint

DOSSIER « Saint Charbel, thaumaturge universel » | Victime d’une double déchirure carotidienne et voué à une paralysie durable, un paroissien de Vallet a retrouvé en quelques jours la faculté de s’alimenter et une vie presque normale. Son curé, l’abbé Hervé Godin, revient sur les prières adressées à saint Charbel, la guérison inattendue et les retombées spirituelles qui ont suivi dans la paroisse. Entretien.

+

saint Charbel Vallet