Le président Macron, contraint par les chiffres catastrophiques de se pencher sur la question de la natalité, a très vite dégainé un projet de « congé de naissance ». Entretien avec Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques, sur une promesse sortie du chapeau qui ne répond pas aux réalités du terrain et supprimerait de fait le congé parental déjà dévoyé par la dernière réforme.
Quel est ce nouveau congé naissance annoncé par le gouvernement pour 2025 ?
Il s’agit d’un congé d’une durée de six mois, rétribué proportionnellement aux revenus, avec un plafonnement à 1 800 euros net, contrairement aux 429 euros actuels. Mais ces six mois incluent également le congé maternité, et donc le congé naissance seul représenterait uniquement trois mois et demi supplémentaires pour les mères pour le premier et le deuxième enfant, et uniquement deux mois supplémentaires pour le troisième enfant. Le congé long, permettant de rester avec l’enfant jusqu’à son arrivée en classe maternelle, disparaît donc. Il ne serait plus possible de s’arrêter au-delà de 6 mois après la naissance, sauf à quitter son travail.
Ce congé sera-t-il suffisant pour les parents ?
Il y a toute une gamme de demandes des parents, donc certains s’y retrouveront mais pour une grande partie cela représente un véritable souci alors que les modes de garde sont insuffisants. Les AFC ont réalisé en septembre dernier un sondage avec l’Ifop sur la non-réalisation du désir d’enfant : sur l’ensemble des parents ayant renoncé à accueillir un enfant, 48 % n’auraient pas renoncé s’ils avaient pu s’arrêter suffisamment longtemps et parmi eux 58 % auraient choisi un congé long de deux à trois ans. Cette nouvelle mesure ne permettra donc pas aux parents d’accueillir un enfant supplémentaire comme ils le souhaiteraient, ce qui serait nécessaire pour redresser le taux de natalité.
Et pour les enfants, ce congé de naissance est-il adapté ?
Le secrétaire d’État chargé de la protection de l’enfance a rendu un rapport en 2021 mettant en évidence les besoins de l’enfant sur ses 1 000 premiers jours. Les spécialistes de la petite enfance ont montré la nécessité de la présence des parents sur cette période. Nous savons également que 52 % des enfants de moins de 3 ans sont actuellement gardés par leurs parents, donc nous ne savons pas comment ces foyers vont parvenir à trouver…