Parmi les fonctions de l’adoration eucharistique, il y a l’évangélisation. Sacrement unissant les fidèles, réparant les offenses à Dieu et permettant la participation à la vie trinitaire, l’eucharistie fait rayonner le Christ qui s’y livre et revêt une mystérieuse dimension missionnaire.
Au tournant des XIIe et XIIIe siècles, en réponse à l’hérésie eucharistique de Bérenger de Tours, le magistère explicite la doctrine de la transsubstantiation et une nouvelle forme de piété apparaît : l’adoration eucharistique. Cette dévotion est souvent liée aux initiatives contemporaines d’évangélisation : tandis que certains « apôtres » arpentent les rues et abordent les passants, d’autres intercèdent devant le Saint Sacrement exposé. Pratique nouvelle ou traditionnelle ? En sondant la profondeur de l’enseignement de l’Église et de l’expérience de ses saints, nous montrerons que l’adoration du Seigneur est le cœur de toute initiative missionnaire.
Les trois significations de l’adoration eucharistique
Culte rendu à la présence du Seigneur sous les espèces consacrées lors du Saint Sacrifice, l’adoration est comme un prolongement de la messe, qui en découle et invite à une communion spirituelle. L’adoration du Saint Sacrement sous ses diverses formes, antique et vénérable dévotion du peuple chrétien, recouvre au moins trois significations.
- Il s’agit d’abord, en union avec le Christ présent en sa sainte humanité, de s’insérer dans la vie d’amour de la Sainte Trinité.
- Le culte de la sainte Eucharistie a aussi une dimension notoirement réparatrice.
- Enfin l’adoration a une fonction profondément missionnaire.
Ces trois dimensions se retrouvent dans la dévotion des Quarante-Heures (favorisée à partir du XVIe siècle), le message du Sacré Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque (1673), ou encore l’idée fondatrice de saint Pierre-Julien Eymard et de la Congrégation du Saint-Sacrement (1856).
Un sacrement aux dimensions de l’Église
L’association de l’adoration eucharistique et de l’évangélisation n’est pas seulement affaire de circonstances. Les raisons théologiques en sont profondes et fondamentales, expliquant l’insistance de l’enseignement des papes. L’eucharistie est en effet non seulement le sacrement du corps physique de Notre-Seigneur, mais aussi de son corps mystique. Citant saint Paul, saint Thomas d’Aquin montre que les chrétiens qui prennent part au même pain sont unifiés par l’assimilation au corps du Christ (1). Reprenant saint Augustin, il enseigne que l’effet de grâce de la sainte communion est d’unir les chrétiens, comme sont unis les grains de blé ou de raisin qui constituent les espèces eucharistiques (2). Jean-Paul II pourra ainsi exalter l’« efficacité unificatrice » de la…