Controverse : Le mystérieux Troisième Secret

Publié le 06 Août 2023
Controverse : Le mystérieux Troisième Secret

À Fatima, en 1917, Notre Dame a livré aux bergers trois secrets dont le dernier n’a cessé d’alimenter les controverses. Ce n’est qu’en 1944 que Sœur Lucie, sur ordre de son évêque, se résout à transcrire ce que Notre Dame lui a demandé de dire au Saint-Père. Ce Secret, lu par plusieurs papes, a-t-il été révélé dans son intégralité ? Christopher Ferrara, président de l’Association américaine catholique des Légistes, le conteste.

Le Vatican affirme avoir révélé la totalité du Troisième Secret le 26 juin 2000. Ce texte mentionne la vision d’un « évêque en blanc » qui meurt martyrisé par une bande de soldats armés de balles et de flèches. Il en conclut qu’il s’agit de l’assassinat manqué de Jean-Paul II. Est-ce crédible ?

Christopher Ferrara : D’abord, il est clair que le Vatican n’a pas révélé le Secret tout entier, mais seulement la partie qui se rapporte à une vision. Selon le Secrétaire d’État du Vatican d’alors, le cardinal Sodano, la vision d’un futur pape exécuté en même temps que des prêtres et des laïcs sur une colline aux portes d’une ville en ruines remplie de morts, signifie : Jean-Paul II n’est pas exécuté par un assassin solitaire.

Cela est absurde. Il manque à l’évidence quelque chose. Le fait même que nous n’ayons aucune interprétation définitive ou crédible de la vision plus de seize ans après sa publication, ne peut que vouloir dire qu’on ne nous a pas donné l’explication de la Vierge elle-même, qui ne laisserait aucun doute sur son sens.

La Mère de Dieu, qui a pris soin d’expliquer aux trois voyants quelque chose d’aussi évident que l’enfer, n’a pas pu nous laisser une devinette. L’« évêque en blanc » représente clairement un futur pape. Mais dans quelles circonstances précises, nous ne pouvons le savoir sans l’explication de la Vierge.

 

Notre Dame avait dit à Sœur Lucie de demander au Saint-Père de révéler le Secret en 1960. Pourquoi 1960 ?

Sœur Lucie a écrit à l’extérieur de deux enveloppes concernant le Secret (que le successeur du cardinal Sodano, le cardinal Bertone, a présentées devant une caméra de TV en 2007) : « Par ordre exprès de Notre Dame, cette enveloppe pourra être uniquement ouverte en 1960 par le cardinal patriarche de Lisbonne ou l’évêque de Leiria ».

Pourtant la vision, seule, ne donne pas la moindre indication de la signification de 1960. L’explication la plus probable du lien est qu’en 1960, le concile Vatican II avait été convoqué, et que la crise de la foi, indiquée par la référence au Portugal, a commencé juste après.

 

Que signifie la fin mystérieuse de cette phrase adressée par Notre Dame à Sœur Lucie : « Au Portugal se conservera toujours le dogme de la foi,… » ?

Les spécialistes de Fatima interprètent généralement cette expression révélatrice comme étant le début de l’explication de la Vierge, qui prédit une terrible crise de la foi et de la discipline en dehors de la nation portugaise, laquelle est d’ailleurs perçue très largement comme ayant tardé à mettre en œuvre la supposée « mise à jour » de l’Église depuis le Concile.

Nous avons vu les résultats désastreux de cette mise à jour, qui a culminé dans la chose même dont Sœur Lucie avait averti le cardinal Caffarra (l’un des quatre signataires des dubia concernant Amoris Lætitia) dans une lettre qu’elle lui envoya dans les années quatre-vingt-dix :

« La bataille finale entre le Seigneur et le règne de Satan portera sur le mariage et la famille. N’ayez pas peur, ajouta-t-elle, car tous ceux qui travailleront pour défendre le caractère sacré du mariage et de la famille seront toujours combattus et haïs de toutes les manières, parce que c’est la question décisive. »

Pourtant, en 2000, le Vatican a enterré la référence au Portugal dans une note en bas de page, comme s’il s’agissait d’une simple annotation de la part de Sœur Lucie et non des mots mêmes de la Mère de Dieu ! Sœur Lucie n’est morte qu’en 2005. N’a-t-elle pu éclaircir l’énigme entre 2000 et 2005 ?

Il n’y a pas de témoignage direct de Sœur Lucie qui indique si la vision est accompagnée d’une explication de la Vierge. On ne lui a jamais permis de s’adresser directement au public à ce sujet.

Il est assez révélateur que dans son propre livre, La dernière voyante de Fatima, le cardinal Bertone fait dire à Sœur Lucie qu’elle a authentifié en sa présence les feuilles de papier sur lesquelles elle a écrit le Secret entier, alors que la vision est contenue sur une seule feuille, pliée en deux.

Quand les critiques de l’histoire officielle du Vatican ont souligné cette éclatante contradiction, le cardinal Bertone, dans une nouvelle édition de son livre, a opportunément rectifié les mots :

« les feuilles » est devenu « le papier ». Cela démontre une certaine « souplesse » dans les paroles attribuées à Sœur Lucie par le cardinal Bertone, qui n’a créé aucune transcription ni enregistrement de ses conversations avec la voyante mais s’est contenté de prendre des « notes », préférables, selon lui, à un document électronique !

Il existe une montagne de preuves montrant qu’il subsiste un texte caché. On peut les trouver dans mon livre, Le Secret encore caché, disponible en ligne en pdf (1). Ce livre a d’ailleurs été recommandé par l’ancien nonce apostolique aux États-Unis, Mgr Sambi, qui est cité dans Inside the Vatican d’août-septembre 2011. Une recommandation éloquente, quand on sait que Mgr Sambi était l’employé et le subordonné de nul autre que le Secrétaire d’État du Vatican.

 

Dans l’avion qui le conduisait au Portugal le 11 mai 2010, Benoît XVI déclara : « Au-delà du moment indiqué dans la vision… on voit la nécessité d’une passion de l’Église. » Et deux jours plus tard, à Fatima : « Celui qui penserait que la mission prophétique de Fatima est achevée se tromperait. » Qu’a-t-il voulu dire ?

Benoît XVI, par ces mots, a rouvert le dossier sur le Troisième Secret et a détruit la version « officielle » de Sodano et Bertone, qui avait relégué au passé le Secret, et le message de Fatima en général. Benoît XVI a voulu nous dire que la plus grande menace contre l’Église vient de l’intérieur et que cette menace est en train de se dévoiler peu à peu :

dans le Secret « sont indiquées des réalités de l’avenir de l’Église qui au fur et à mesure se développent et se manifestent. (…)

Quant aux nouveautés que nous pouvons découvrir aujourd’hui dans ce message, il y a aussi le fait que les attaques contre le Pape et contre l’Église ne viennent pas seulement de l’extérieur, mais les souffrances de l’Église viennent proprement de l’intérieur de l’Église, du péché qui existe dans l’Église.

Cela s’est toujours su, mais aujourd’hui nous le voyons de façon réellement terrifiante : que la plus grande persécution de l’Église ne vient pas de ses ennemis extérieurs, mais naît du péché de l’Église. »

Rien de tout cela n’est décrit dans la seule vision, qui montre uniquement une attaque par des ennemis extérieurs à l’Église.

 

Que pouvons-nous faire ?

Réciter le rosaire chaque jour, faire des sacrifices, et réclamer au Pape de nous avertir des dangers révélés par la Mère de Dieu à Fatima.

 

Propos recueillis par Armelle Signargout

 

1. Christopher A. Ferrara, Le Secret encore caché, Good Councel Productions, 312 p. Le livre est disponible en anglais sur le site  http://www.secretstillhidden.com/book.html

et l’épilogue du livre en français sur http://www.fatima.org/french/exclusives/pdf/fr_ssh_epilog

Entretien avec Christopher Ferrara

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseLiturgie

La pause liturgique : Séquence Víctimae pascháli (Pâques)

La séquence de Pâques est célèbre, elle fait la joie de l'Église durant toute l'octave, par sa fraîcheur et son enthousiasme. Elle se présente à nous sous la forme d'un poème versifié au rythme métrique, comprenant huit strophes. Elle est inspirée de l'alléluia Christus resurgens, dont la mélodie est empruntée au 1er mode, et qui traduit l'atmosphère de paix lumineuse et chaude dans laquelle baigne la communauté chrétienne en ce jour de Pâques.

+

communion kyrie introït séquence pâques
À la uneÉgliseSociété

Padre au combat : au cœur de la mission, avec les soldats

Initiatives chrétiennes | Ancien aumônier militaire auprès des chasseurs alpins, des parachutistes et des légionnaires, le père Yannick Lallemand a accompagné les soldats jusqu’au cœur de l’épreuve, notamment lors du drame du Drakkar, à Beyrouth, en 1983. Retour sur une vie au service des âmes, à la croisée du courage militaire et de l’espérance chrétienne.

+

padre aumônier militaire