Convention citoyenne sur la fin de vie : un débat à haut-risque 

Publié le 15 Avr 2023
Convention citoyenne sur la fin de vie

La Convention citoyenne sur la fin de vie a rendu son rapport le 2 avril dernier. Le résultat en faveur de l’« aide active à mourir » n’a pas beaucoup étonné. Mise en garde et rappel de ce changement culturel insidieux par Tugdual Derville, porte-parole d’Alliance VITA et de Soulager mais pas tuer, et auteur de « Docteur, ai-je le droit de vivre encore un peu ? »   Malgré les nombreux avertissements lancés par les soignants ces derniers mois, la Convention citoyenne s’est prononcée en faveur d’une « aide active à mourir ». Comment l’expliquez-vous ?     En réalité, « aide active à mourir » est une formule du Comité consultatif national d’éthique qui dissimule un piège sémantique : elle intègre à la fois le suicide assisté et l’euthanasie. Le président de la République n’a pas caché qu’il n’aimait pas ces deux termes. Rediscuter un interdit aussi fondateur que l’interdit de tuer, c’est d’emblée prendre un énorme risque. Car cet interdit fonde la confiance entre soignants et soignés. Dans ce domaine, tout débat induit une menace d’effondrement. Et effectivement, les 185 personnes de la Convention, très majoritairement en bonne santé, ont fini par plébisciter aux trois quarts le suicide assisté, à une grave majorité l’euthanasie. À un moment, elles avaient même voté celle des enfants ! Les soignants les plus concernés par l’accompagnement de la fin de vie méritaient d’être plus écoutés : 800 000, via une douzaine d’organisations, ont proclamé que « Tuer n’est pas un soin ! »  Ce processus « participatif » aboutit à une dérive populiste ; on finit par faire dire aux gens bien portants : « Plutôt mourir qu’être dépendant, ou très malade ! » Or l’expérience montre que lorsque nous nous retrouvons dans ces situations pour lesquelles nous avions pu dire « plutôt mourir », nous trouvons des raisons de vivre. À condition d’être bien soulagés et entourés. Seul un accompagnement respectueux des personnes fragiles peut leur confirmer qu’elles ont toute leur place parmi nous. L’abandon ou la pitié non ajustée les poussent à l’auto-exclusion en leur faisant sentir qu’elles sont indignes de vivre, pesantes voire coûteuses.   Finalement, quand on considère que des vies ne valent plus la peine d’être vécues, une forme d’eugénisme de fin de vie s’impose.     Pouvait-on s’attendre à d’autres conclusions ou bien le débat était-il biaisé dès le départ ? Ce temps de débat a-t-il eu quelques retombées positives ?     Je ne vois…

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Maitena Urbistondoy

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