Dans son discours Michel Barnier évoque l’avortement et la fin de vie

Publié le 05 Oct 2024
Michel Barnier
Ce mardi 1er octobre, en tant que Premier ministre, Michel Barnier a prononcé son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale. Il affirme qu’aucune remise en cause des libertés acquises au fil des ans n’est envisagée concernant l’avortement, “le mariage pour tous” et la PMA.

 

Nommé Premier ministre le 5 septembre par Emmanuel Macron, Michel Barnier a prononcé ce mardi 1er octobre son discours de politique générale. Sur le plan social, le chef du gouvernement a exposé ses « propres lignes rouges », en garantissant qu’il n’accepterait « aucun accommodement sur la défense de la laïcité » ni « aucune remise en cause des libertés conquises au fil des ans » concernant l’avortement, le “mariage pour tous” et la procréation médicalement assistée (PMA), qui a été ouverte aux couples de femmes et aux femmes seules en France en 2021.

Michel Barnier a par ailleurs annoncé la « reprise du dialogue », prévue en début d’année prochaine, concernant le projet de loi sur la fin de vie, dont l’examen a été suspendu en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. « Être fraternel, c’est savoir accompagner les personnes en fin de vie », a-t-il déclaré. « Je sais l’engagement et le travail de beaucoup d’entre vous sur ce dossier grave. Nous reprendrons le dialogue avec vous, avec le Sénat, avec les soignants et les associations, en début d’année sur le projet de loi dont l’examen a été interrompu par la dissolution. Et, sans attendre, nos efforts en faveur du développement des soins palliatifs seront renforcés dès 2025. »

Les associations, quant à elles, ont des positions divergentes : l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) souhaite une reprise rapide des discussions, tandis qu’Alliance Vita appelle à la prudence, soulignant l’importance des soins palliatifs. Enfin, le projet de stratégie décennale pour les soins palliatifs prévoit d’augmenter le budget de 1,6 à 2,7 milliards d’euros d’ici dix ans, avec l’espoir de mesures financières rapides lors du prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Le 6 juin 2024, les députés avaient voté pour l’adoption de l’article 5 du projet de loi relatif à la fin de vie, qui comporte 21 articles. D’après le texte initial, l’aide à mourir consiste « à autoriser et à accompagner une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale », afin « qu’elle se l’administre ou, lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, se la fasse administrer par un médecin, un infirmier ou une personne majeure qu’elle désigne et qui se manifeste pour le faire ». Les députés ont cependant retiré dans l’article 5 la possibilité qu’un proche puisse administrer la substance létale. Ce retrait est cependant contraire à l’avis du gouvernement.

Le 7 juin dernier, jour du Sacré-Cœur, les députés avaient également débattu dans la foulée de l’article 6 sur les « conditions d’accès » strictes à l’aide à mourir. Le gouvernement souhaitait revenir sur la version initiale de son projet de loi en donnant l’accès aux personnes majeures dont le pronostic vital  est engagé « à court ou moyen terme » et qui en manifestent la « volonté de manière libre et éclairée ». 

Cette proposition de loi avait été mise en arrêt temporaire en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, annoncée par Emmanuel Macron le dimanche 9 juin, au soir du scrutin des élections européennes. Cette décision avait entraîné l’arrêt immédiat de tous les travaux en cours au Palais Bourbon.

Le discours du Premier ministre Michel Barnier a jeté les bases d’une politique qui semble vouloir maintenir les acquis sociaux tout en n’abandonnant pas le débat sur la fin de vie.

 

>> à lire également : Fin de vie : quand le relativisme brouille l’éthique médicale

 

Solène Grange

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