Dans Un parcours d’historien. Des falaises de la Sarine aux bords du Tibre, Philippe Chenaux, professeur émérite d’histoire de l’Église à l’université pontificale du Latran, propose un retour sur ses travaux et ses rencontres d’historiens.
Philippe Chenaux, professeur émérite d’histoire de l’Église à l’université pontificale du Latran, revient sur son « parcours d’historien ». Il le fait de manière originale dans un livre en trois parties. D’abord par une « esquisse d’autobiographie intellectuelle » où il n’évite pas, parfois, l’autosatisfaction quand il évoque ce qu’il appelle sa « production d’historien ». Puis il publie des lettres du père Emonet, dominicain, disciple de Jacques Maritain et de l’abbé Charles Journet, qui fut son professeur de philosophie à Fribourg et avec lequel il est resté lié jusqu’à sa mort. Enfin, il propose une réédition, revue et mise à jour, de quatre études sur des figures du catholicisme en Suisse et il reproduit un entretien avec le cardinal Cottier paru en 2012 dans une revue italienne. Cette troisième partie est peut-être la plus intéressante. On y trouve, entre autres, une réhabilitation du cardinal Mermillod (1824-1892), à l’encontre des images caricaturales qui se sont répandues de son vivant. Évêque auxiliaire de Genève puis évêque de Fribourg, Mermillod fut antilibéral, ultramontain, défenseur de l’infaillibilité pontificale, et aussi un très actif promoteur de la doctrine sociale de l’Église. Philippe Chenaux écrit : « vérité, liberté, beauté, telles sont les grandes valeurs […] qui régissent ma vision du monde et sur lesquelles s’est construit mon parcours d’historien » (p. 116). De façon plus concrète il dit, page 93, se retrouver « pleinement dans l’orientation libérale, pro-européenne et antitotalitaire de la revue Commentaire », fondée en 1976 dans le sillage du philosophe et commentateur politique Raymond Aron. L’entretien sur le concile Vatican II avec le dominicain Georges Cottier contient des informations précieuses. Théologien privé de Mgr de Provenchères au Concile, puis peritus (expert) auprès du cardinal Journet lors de la IVe session, le père Cottier fut nommé Maître du Sacré Palais par Jean-Paul II en 1989, c’est-à-dire théologien du pape – « le correcteur des documents du Pape », disait-il modestement. Il sera créé cardinal par Benoît XVI en 2003. On relèvera encore ce jugement dépassionné de Philipe Chenaux sur le pontificat du pape François : « Avec François, une nouvelle époque de l’histoire de la papauté s’ouvrait : le pasteur du peuple avait pris la place du docteur de la foi. Aussi paradoxal que cela puisse…