L’Église universelle fête en novembre l’anniversaire de la dédicace de trois des quatre basiliques majeures : retour sur un rite antique à la symbolique particulièrement riche, qui fait écho à la consécration du Temple de Jérusalem et à la constructions des sanctuaires dédiés aux apôtres et martyrs romains.
Terribilis est locus iste : « ce lieu est terrible, c’est la maison de Dieu et la porte du ciel » (Gn 28, 17). Les paroles du patriarche sont reprises dans la liturgie de la dédicace et indiquent la profondeur d’une fête dont les accents semblent parfois anachroniques, et pourtant… Chaque baptisé est un « temple du Saint-Esprit » : la cérémonie de dédicace d’une église présente donc une analogie avec les rites du baptême et est riche d’une signification plus profondément eschatologique, car la Jérusalem terrestre, que l’édifice représente, annonce et prépare la cité céleste.
Un rite ancestral
Sortant du sommeil après son célèbre songe, le patriarche Jacob érigea en stèle la pierre qui lui avait servi d’oreiller et l’oint d’huile en signe de consécration, fondant le sanctuaire de Béthel, un des premiers où sera rendu un culte au Dieu d’Israël. Avant lui, Noé (Gn 8, 20), Abraham (Gn 12, 8) et Isaac (Gn 26, 25) avaient déjà bâti des autels et consacré au Seigneur des lieux particuliers. En fait, la première consécration de l’histoire est celle que Dieu fait du cosmos, bâti comme un temple, au moment même où il le crée, le déclare « très bon » et le confie à l’homme. La première dédicace réelle, suivant les canons précisément dictés par le Seigneur lui-même (Ex 40), ne concerne cependant pas un temple mais une tente : le tabernacle dont Dieu montra à Moïse le plan au Sinaï, et où reposait l’Arche d’alliance. Lorsque les travaux furent terminés et la demeure consacrée, « la nuée couvrit la tente et la gloire de Yahvé emplit la demeure » (Ex 40, 34). Le rite exposé en détail au Lévitique (Lv 8 et 9) comporte force sacrifices d’animaux mais consiste aussi en des onctions et aspersions, et est concomitant à la consécration de l’autel et des prêtres. Après les pérégrinations à travers le désert et les tribulations des débuts en Canaan – l’arche fut perdue à la bataille (1 S 4, 11), captive des Philistins (1 S 5), puis revint par étapes à Jérusalem (1 S 6-7 ; 2 S6 ), où David n’eut pas immédiatement la permission divine…