Qu’est-ce qu’un synode ?

Publié le 03 Oct 2023
définition synode

Victor Ier est le premier pape à avoir réuni un synode à Rome, en 190.

Alors que s’ouvre le 4 octobre le Synode sur la synodalité, cherchons avant-tout à définir ce qu’est un synode, et à comprendre comment cela fonctionne.

 

En ce mois d’octobre, est convoquée à Rome l’Assemblée générale du Synode sur la synodalité. Il s’agit d’initier l’aboutissement d’un processus entamé il y a maintenant deux ans. Cet événement suscite nombre d’interrogations, au premier rang desquelles figure celle-ci : qu’est-ce, précisément, qu’un synode ?

Alors que les évêques du monde entier commencent d’affluer à Rome, le Synode sur la synodalité suscite bien des émois. De l’espérance d’un renouveau dans l’Eglise pour les uns aux programmes à peine voilés de révolution disciplinaire pour les autres, il est clair que les enjeux ne manquent pas.

Cependant, serait-il possible que chacun se trompe sur l’importance réelle de cet événement ? Ou bien, cet instrument de gouvernement aux mains du pouvoir pontifical échapperait-il aux mains de ses initiateurs au risque de provoquer d’immenses ravages dans l’Eglise ?

Loin de se livrer au jeu des pronostics alarmistes, et d’entrer dans la politique-fiction ecclésiale, l’objet de ces lignes est de rappeler quelques principes essentiels quant à l’essence et à l’histoire des synodes, à leur place dans le Magistère et à leur importance dans la vie de l’Eglise, tant dans les thèmes abordés que dans leurs conséquences.

 

« Un synode concernant l’Église universelle, doit être composé d’évêques. Toutefois des experts et autres invités peuvent être appelés à venir pour participer aux échanges et au travail avec le pape et les évêques. »

 

Définition et approche historique

Du latin synodus emprunté au grec ancien σύνοδος, sunodos (réunion, synode, concile), il s’agit d’un mot composé de σύν, sun (avec) et de ὁδός, hodos (chemin), littéralement « cheminer ensemble ».

Le dictionnaire Larousse en donne la définition suivante : « assemblée réunie pour l’examen des problèmes de la vie ecclésiale à tous les niveaux. (Dans les Églises orientales, le synode est appelé saint-synode.) »

À l’heure de l’ouverture volontariste sur le monde, il est intéressant de noter le deuxième sens mentionné par le dictionnaire : « à l’époque hellénistique, assemblée fédérale des ligues Achéenne et Étolienne. » Leur but étant d’assurer l’unité des entités helléniques face aux puissances environnantes par la mutuelle défense et la conservation de leur identité.

Le Saint Siège en précise la mission sur son site internet : « un Synode se présente sous la forme d’une assemblée consultative convoquée par le Pape. Cela le différencie du synode diocésain, convoqué par un évêque dans son diocèse. Il a pour but d’informer et de conseiller le Pontife Romain qui peut aussi lui donner un rôle délibératif, sous réserve que les décisions soient ratifiées par ses soins. »

Le premier synode connu fut celui convoqué par Victor Ier à Rome en 190 pour la fixation de la date de Pâques, célébrée un dimanche. Dès le IIIe siècle, on voit apparaître des conciles convoqués pour régler des crises ou des conflits locaux.

À l’époque de la réforme grégorienne, les papes élargirent la portée et la composition des synodes. Pour distinguer les assemblées extraordinaires et générales ou encore universelles des synodes locaux, le terme de « synode général » fut réservé aux conciles convoqués ou présidés par le pape.

Ce n’est qu’au XXe siècle que, dans l’usage catholique, l’on commença à donner le nom de synode aux assemblées locales ou régionales, afin de réserver le mot « concile » aux synodes généraux ou encore universels, comme les conciles œcuméniques.

Les participants varient en fonction du type de synode convoqué. En général, ce sont des évêques du monde entier, élus par les conférences épiscopales. En effet, un synode concernant l’Église universelle, doit être composé d’évêques. Toutefois des experts et autres invités peuvent être appelés à venir pour participer aux échanges et au travail avec le pape et les évêques.

 

Degré magistériel et influence

Le deuxième concile du Vatican puis le code de droit canonique de 1983 ont clairement identifié et défini les différentes assemblées au sein de l’Eglise : le Concile œcuménique, qui réunit les évêques du monde entier ; le Synode des évêques ou synode romain qui se décompose lui-même en trois types : ordinaires, extraordinaire et spécial ; viennent ensuite le Sacré-Collège des cardinaux puis les différents types d’assemblées locales.

Ainsi qu’il a été dit plus haut, un synode des évêques n’a qu’un rôle consultatif. Ses délibérations (le document final soumis au vote) ne possèdent pas en elles-mêmes de caractère magistériel.

Les papes ont pris l’habitude de faire suivre un synode par une exhortation apostolique post-synodale qui ne ressort pas du degré maximal d’autorité qu’ils puissent utiliser. De fait, le lecteur ne devrait pas s’attendre à y trouver quelque chose qui relève, par exemple, de l’infaillibilité pontificale.

Cependant, le Souverain Pontife n’est soumis à aucune contrainte de forme dans l’exercice du Magistère suprême. Ainsi, l’éventuelle infaillibilité de ses propos, puisque c’est bien là que se situent certains motifs d’inquiétudes, se jugera à leur contenu : l’affirmation explicite que telle ou telle vérité appartient au dépôt révélé ou bien lui est liée.

De fait, les soixante dernières années ont pu donner lieu à des actes magistériels infaillibles sans définition (l’ordination réservée aux hommes par exemple par l’exhortation apostolique Ordinatio Sacerdotalis). L’assentiment de Foi porte donc sur le contenu d’un document et non sur son rang dans l’arsenal magistériel, c’est-à-dire sur la correspondance de l’énoncé avec le dépôt de la Foi, enseigné dans l’Evangile, transmis et rappelé par le Magistère de l’Eglise tout au long des siècles, et résumé dans le catéchisme.

Lors de son discours d’ouverture du deuxième concile du Vatican, le Pape Jean XXIII disait : « Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie […] »

Et Benoît XVI, s’opposant à ceux qui voulaient faire des assemblées épiscopales une sorte d’assemblée « constituante » selon ses propres mots écrivait le 22 décembre 2005 : « Les évêques, à travers le Sacrement qu’ils ont reçu, sont les dépositaires du don du Seigneur. Ce sont « les administrateurs des mystères de Dieu » ; comme tels ils doivent se présenter comme « fidèles et sages ». Cela signifie qu’ils doivent administrer le don du Seigneur de manière juste, afin qu’il ne demeure pas dans un lieu caché, mais porte des fruits et que le Seigneur, à la fin, puisse dire à l’administrateur : « En peu de choses tu as été fidèle, sur beaucoup je t’établirai ». » Ce qu’il résumait par les deux termes de fidélité et dynamisme.

Pour conclure, on ne saurait mieux dire que le Pape Etienne Ier, écrivant à saint Cyprien de Carthage : « Il n’y a rien de nouveau si ce n’est ce qui est transmis. »

 

>> à lire également : Synode : cinq cardinaux s’adressent au pape lui demandant de répondre clairement à leurs inquiétudes

Chanoine Arnaud Jaminet +

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