Difficultés scolaires et troubles cognitifs 

Publié le 03 Déc 2024
trouble cognitif
> C’est Logique !
Le mot « trouble » est désormais commodément employé dans les milieux scolaires pour désigner toutes sortes de difficultés des élèves. Mais l’absence de définition claire de ce mot et son ambiguïté semblent repousser un certain nombre de conduites répréhensibles volontaires dans le domaine de la pathologie, exonérant les éducateurs qui devraient y faire face. 

  Depuis quelques décennies, le monde de l’enseignement et de l’éducation accueille dans son vocabulaire spécialisé des acronymes tels que EPH – élève hautement perturbateur –, TC – trouble de conduite –, TDAH – trouble de déficit d’attention avec hyperactivité –, HPI – haut potentiel intellectuel –, sans compter toutes les « dys » des troubles cognitifs dans les activités scolaires, comme la dyslexie (dysfonctionnement dans la lecture), la dysphasie (dans le langage oral), etc. Bien sûr l’intention est louable, mettre un nom sur un comportement ou une difficulté afin de les comprendre et d’y porter remède, pour le bien des enfants. Mais de quoi parle-t-on réellement dans cette question des troubles ? Il faut mettre en œuvre les instruments logiques de la définition pour faire la lumière.

Quel trouble ?

N’y a-t-il pas en effet de grandes différences entre un « TC », trouble de conduite chez un élève qui agresse avec violence ses condisciples voire ses enseignants, qui fraude ou qui fugue, et un trouble cognitif comme la dyspraxie par exemple qui est le dysfonctionnement du développement moteur ? Si le mot « trouble » employé dans chacun de ces deux cas ne désigne pas la même réalité c’est qu’il n’est pas univoque et possède plusieurs définitions. Ce sont elles qu’il faut identifier. En scrutant l’étymologie de « trouble », on trouve l’idée originelle désignée par le vocable grec turbh : « désordre, confusion, tumulte », employé pour une foule. Il sera transmis au latin turba, « trouble, agitation ». Le latin a aussi l’adjectif turbidus pour une eau troublée, et le verbe turbo pour « agiter, troubler », autant que pour « s’agiter, se troubler » et bien sûr turbulentia pour « trouble, perturbation » qui donnera turbulent en français.

Trois choses distinctes

On retrouve ces sens dans notre langue, où le trouble désignera trois choses bien distinctes, dans la ligne de cet emprunt au grec et au latin :

  1. l’état d’un liquide ou d’un milieu qui a perdu sa limpidité et sa transparence ;
  2. l’état d’agitation, de désordre, de déséquilibre qui sévit dans un groupe organisé ;
  3. un dérèglement physiologique ou psychique qui entraîne des perturbations dans…

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Bruno Couillaud

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