Le don d’organes (3/3) : Le prélèvement d’organe : au risque de la vie ?

Publié le 15 Nov 2024
don d'organes mort

L’Église recommande de donner l’extrême-onction jusqu’à plusieurs heures après la mort. Extremae Unctionis Sacramentum, par Pietro Longhi.

> DOSSIER | Le don d’organes : Jusqu’où peut-on aller ?  
Malgré l’apparence tout altruiste du don d’organe, l’Église y pose des conditions plus strictes que la loi civile. En effet, la mort, qui est la condition intangible dans tous les cas, n’est pas déterminée selon les mêmes critères par l’État et par l’Église.

  L’éloignement dans la conception de l’homme et de la vie entre le monde moderne et l’Église nous amène à devoir traiter de questions moins évidentes qu’elles n’en ont l’air et, peut-être, à reconsidérer notre inféodation mentale au monde dans lequel nous vivons. Il semble à première vue tout à fait bon et même charitable de faire profiter ceux qui en ont gravement besoin des biens de ceux qui n’en ont plus l’usage ni la possession à cause de leur mort. Voilà le principe qui semble gouverner la conception et la pratique du don d’organe, dans les êtres et dans les textes.

Une pratique limitée

Cependant, l’Église qui est gardienne des âmes, n’ayant d’autres soucis que le salut des Hommes, limite cette pratique par des critères bien précis au n°2 296 de son Catéchisme : certes, « La donation d’organes après la mort est un acte noble et méritoire » mais, « il est moralement inadmissible de provoquer directement la mutilation invalidante ou la mort d’un être humain, fût-ce pour retarder le décès d’autres personnes ». C’est donc la mort qui gouverne ici. Tant que la vie est présente, le prélèvement d’organes tels que les poumons, le cœur etc. constitue une « mutilation invalidante » qui est qualifiée de « moralement inadmissible ». Mais si la mort est bien reconnue, alors le don est permis. Cependant, c’est selon les critères de l’Église, issus de la Révélation divine et de la sagesse des siècles qu’il faut comprendre ces termes de vie et de mort, et non selon ceux du monde, même médical ou politique. Dans ces critères, il y a la pratique sacramentelle de l’Église. Le chanoine Albert Chanson, dans son livre de référence sur la pratique sacramentelle – Pour mieux administrer [1] – distingue la mort apparente de la mort réelle (n°852) : « Il y a mort “apparente” lorsque la personne, bien que vivante, ne donne aucun signe extérieur de vie – et il y a mort “réelle” lorsque l’âme…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Abbé Maxime Quinquis, Institut du Bon Pasteur

Infolettre

Je désire recevoir la lettre d'information de L'Homme Nouveau

Inscription réussie

Ce contenu pourrait vous intéresser

SociétéPhilosophie

L’organicisme, une pensée matérialiste et fataliste

L'Essentiel de Joël Hautebert | Hérité des Lumières et du naturalisme du XIXe siècle, l’organicisme est un concept d’analogie encore utilisé aujourd’hui et qui a inspiré la sociologie. Si l’idée peut paraître juste, elle mène cependant au déterminisme, faisant de l’homme un être purement matériel, somme toute similaire aux végétaux et animaux.

+

organicisme
Société

Mont-Saint-Michel : faire le pont avec l’Archange

Entretien | La première édition du pèlerinage de Saint-Michel aura lieu du 8 au 11 mai 2025. Il commencera à Saint-Malo pour se finir au pied du Mont-Saint-Michel. Entretien avec Brieuc Clerc, président de l’association Pèlerinage de Saint-Michel. 

+

mont-saint-michel
SociétéLettre Reconstruire

Carlos Sacheri : Le travail humain (II)

Lettre Reconstruire n° 45 | Extraits | Dans notre précédent numéro (Reconstruire n°44), nous avons publié l’étude de Carlos Sacheri sur le travail humain. L’auteur présentait succinctement les conceptions libérales et marxistes à ce sujet. Nous continuons ici en abordant le travail selon une conception conforme à la loi naturelle.

+

travail humain carlos sacheri
SociétéLettre Reconstruire

Du pouvoir dans la modernité et la postmodernité

Lettre Reconstruire n° 45 (mars 2025) | La Bibliothèque politique et sociale | L’extension sans fin de l’État moderne que des épisodes récents, comme la gestion de la crise liée au Covid-19 ou actuellement la « guerre » déclarée entre la France et la Russie, mettent en évidence, conduit immanquablement à s’intéresser à la question du « pouvoir ». Javier Barraycoa a consacré un petit essai sur la situation du pouvoir dans nos sociétés postmodernes. Traduit en français, Du pouvoir bénéficie d’une substantielle préface de Thibaud Collin dont le titre indique tout l’intérêt.

+

du pouvoir dans la modernité et postmodernité
SociétéPhilosophie

Le sens des mots et le véritable enjeu du langage

C'est logique ! de François-Marie Portes | En tant que matière vivante, le langage évolue nécessairement et s’enrichit souvent de nouveaux mots pour exprimer au mieux la pensée. Mais certains néologismes sont utilisés pour nourrir des luttes idéologiques et dérivent alors de leur sens littéral. C’est notamment le cas du terme « homophobie » que l’on entend partout. 

+

sens des mots
Société

Intelligence artificielle (5/5) : L’IA à l’épreuve de la trisomie 21

DOSSIER « L’intelligence artificielle : entre innovation et responsabilité » | La trisomie 21 est caractérisée par une déficience intellectuelle mais celle-ci permet de souligner les autres formes d’intelligence – relationnelle, affective, de communication... – que les porteurs de trisomie possèdent souvent à un haut degré, faisant ressortir les pauvretés de l’intelligence artificielle. Démonstration que l’humanité ne se définit pas par des critères de performance mesurables. Entretien avec Grégoire François-Dainville directeur de la Fondation Jérôme Lejeune.

+

Intelligence artificielle IA trisomie 21