Drapeaux et marseillaise dans les écoles, une mesure grotesque et vaine dans le contexte actuel

Publié le 14 Fév 2019
Drapeaux et marseillaise dans les écoles, une mesure grotesque et vaine dans le contexte actuel L'Homme Nouveau

L’Assemblée nationale a décidé la présence obligatoire dans les salles de classes, de la maternelle au lycée, du drapeau tricolore et du drapeau européen, ainsi que des paroles de l’hymne national. 

Certes, tout est bon à prendre, ces drapeaux comme autre chose, à ceci près que le chant bestial de « la Marseillaise », que l’on se propose d’afficher dans toutes les classes, n’a rien pour former la jeunesse à des mœurs civilisées.

N’empêche que l’idée parlementaire a quelque chose de grotesque et de vain. Pense-t-on qu’ainsi les élèves des écoles deviendront de meilleurs Français ? 

Encore faudrait-il déjà savoir ce que signifie d’être Français, non ? L’exposition de deux drapeaux, dont l’un est en partie la négation de l’autre, ne suffira pas à le dire, non plus que l’affichage d’un péan dont les termes enragés expriment – ô paradoxe involontaire – un nationalisme furibond fort en décalage avec les convictions molles de la catéchèse républicaine actuelle et de ses idéaux du « vivre-ensemble ».

Veut-on donner aux élèves de France la fierté d’être Français ? Alors que les politiciens du jour, plutôt que de recourir à une symbolique vaine, qui ressemble à un placage publicitaire, s’y convertissent eux-mêmes. Car c’est bien de conversion dont il s’agit, tant ils paraissent éloignés de ce qu’ils prétendent promouvoir.

QU’ILS commencent, d’abord, par ne pas laisser les enfants de France submergés par des populations étrangères, dans ce qui fut jadis des villes, des villages, des quartiers de France, si tant est que pour eux le drapeau tricolore soit autre chose qu’un pavillon flottant haut sur un vaste camp de tribus éparses.

QU’ILS leur rendent en leurs écoles l’enseignement de leur histoire, chronologique, événementielle, personnelle, que les gouvernements successifs s’acharnent depuis des décennies à avilir, à amputer, à dissoudre dans la sociologie et la géographie, à dénaturer. Qu’il la purge des mensonges dont les doctrines officielles de l’État l’ont gangrenée.

QU’ILS cessent de leur rebattre les oreilles de leurs discours mondialistes destructeurs, dépassés, démentis par les résistances et les souffrances des peuples, et en tout cas incompatibles avec un amour authentique d’une patrie.

QU’ILS cessent d’exprimer leur mépris, ainsi que le fait habituellement M. Macron, pour ce pays et ses habitants.

QU’ILS veillent à ce que l’on enseigne aux enfants de France que ce pays, comme tout pays, a ses propres racines, essentiellement chrétiennes quant aux nôtres, en lesquelles, comme ces pays mêmes, il puise son irréductible identité.

QU’ILS leur parlent de piété, de patrie, de nation, et pour reprendre un mot fameux, « d’unité de destin dans l’universel », un universel qui est d’abord celui d’une société française, définie et marquée par la culture et l’histoire qui lui sont propres.

QU’ILS travaillent à redonner au Français, dont sont issus les enfants de France, le sens et le goût de la famille, où sont donnés les premiers apprentissages de la vie sociale, du respect d’autrui et de l’amour du bien commun.

QU’ILS protègent préférentiellement les écoles et les institutions où ces mêmes valeurs sont enseignées et promues, afin qu’elles rayonnent sur la société tout entière.

QU’ILS brisent résolument la fascination qu’exerce sur eux le sabir anglo-saxon et le modèle socio-économique qui l’accompagne, véhicule d’une sous-culture indigne des enfants de France et de l’héritage qui leur échoit, et qu’ils promeuvent notre langue par l’exemple et l’encouragement.

Bref, QU’ILS se montrent Français, qu’ils acceptent de l’être eux-mêmes, résolument, et qu’ils donnent l’exemple de l’esprit français, au lieu de sombrer mécaniquement dans les clichés, les comportements, les tics, les modes et, il faut bien le dire, tous les travers détestables d’Outre-Atlantique dont l’expérience a assez montré le caractère socialement destructeur ; qu’ils cessent d’y voir des modèles d’épanouissement et de progrès, alors qu’ils ne font qu’y vider ce qui leur reste d’entrailles et de cerveau.

En sont-ils capables ? 

Personnellement, j’ai désespéré d’y croire, parce que ces politiciens, qui décident, parallèlement à la pose des drapeaux dans les classes d’école, d’effacer la distinction essentielle des termes “père” et “mère” des documents administratifs, montrent eux-mêmes qu’ils ne croient pas en ce qu’ils disent, ou ne comprennent plus le sens de ce à quoi ils se réfèrent. Leurs discours ne se nourrissent que de fantasmes ; ils n’atteignent rien de réel. 

D’autres qu’eux pourront peut-être, un jour, entreprendre ce grand œuvre à leur place, mais ceux-là sont perdus, définitivement perdus, qui ne voient pas qu’ils inoculent continûment le mal qu’ils nourrissent volontairement en eux et dont ils reprochent aux autres de ne pas guérir.

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