Humble et grand, mais aussi joyeux, voilà comment est décrit saint François de Sales dans cette pièce de théâtre aux accents contemplatifs mêlés à l’humour caractéristique de l’apôtre de la douceur.
Saint patron des écrivains et des journalistes, docteur de l’Amour divin, prince-évêque de Genève, fondateur de l’ordre de la Visitation, zélateur de la Contre-Réforme, apôtre de la douceur, prédicateur sans pareil, auteur d’une correspondance de plusieurs milliers de lettres… L’étonnante vie de saint François de Sales regorge de titres à l’estime qui laissent imaginer la figure d’un grand seigneur très au-dessus de nos vies ordinaires.
Pourtant, quiconque s’intéresse de près à sa vie ne peut être que frappé par la simplicité et l’humilité de cet homme, pour qui la perfection consistait à fleurir « là où Dieu nous a semé ». C’est peut-être la raison pour laquelle il refusa courtoisement de quitter son évêché pour un titre plus prestigieux à la cour de France, lui qui se disait « de toute façon savoyard, de naissance et d’obligation ».
Un modèle de sanctification
À côté de ses nombreux titres, ou malgré eux, saint François de Sales appartient à la famille des saints qui sont des modèles de sanctification de la vie ordinaire, comme l’a noté très justement monsieur Marsollier dans sa biographie de l’évêque genevois :
« À bien prendre les choses, la sainteté ne consiste pas à faire des mortifications extraordinaires, mais à faire chacun dans son état ce que Dieu veut que l’on fasse. Il y a quelque chose de grand à mourir pour Dieu, mais il n’est peut-être ni moins difficile ni moins grand de savoir vivre pour Lui. »
Monsieur de Genève est une pièce de théâtre, pensée et écrite pour la mise en scène, qui s’efforce précisément de tenir ensemble ces aspects contrastés de la vie du saint : prince, mais ami des pauvres et vivant pauvrement ; thaumaturge, mais réaliste et diligent dans les affaires humaines ; sage et savant, mais simple et humble, etc.
En deux actes, portant l’un sur la jeunesse, l’ordination et la vie de prêtre de François de Sales, et l’autre sur sa vie d’évêque et de fondateur jusqu’à sa mort, se répondent des scènes écrites en alexandrins, en écho à la poésie et au style très classique du saint, et des récits en prose qui relient narrativement tous les événements relatés dans les scènes.
Servi par une belle plume, l’ensemble se lit très agréablement et, à l’instar des mystères du Moyen Âge, alterne entre le sérieux contemplatif qu’offre la vie d’un saint et un humour parfois désopilant, et si bien senti qu’il est tiré la plupart du temps des propos mêmes de l’évêque de Genève. Nous savons que pour ce dernier « un saint triste est un triste saint », et certains épisodes de sa vie ne manquent pas de nous le rappeler.
Écrite en 2022 à l’occasion du 400e anniversaire de sa mort, cette pièce est une joyeuse introduction à la vie de saint François de Sales, pour ceux que rebutent les longues monographies, mais aussi une pièce à voir et à mettre en scène afin d’édifier petits et grands en rappelant la vocation universelle à la sainteté, sans se prendre trop au sérieux.
Monsieur de Genève, Augustin Chepeau, Éditions de L’Homme Nouveau, 104 p., 10 €.
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