Éducation : Vous avez dit mixité sociale ?

Publié le 28 Avr 2023
Education Pap Ndiaye

Le directeur d’un lycée de la Fondation Apprentis d’Auteuil réagit au propos du ministre de l’Éducation nationale sur le manque de mixité sociale dans les établissements scolaires de l’enseignement catholique et plus largement du privé. Est-ce une simple ignorance du terrain ou une approche idéologique de la part du ministre ? Entretien avec Grégoire Albert , directeur du lycée Nature et Services Saint-Jean à Sannois. Comment avez-vous réagi aux propos du ministre de l’Éducation nationale sur le manque de mixité sociale dans l’enseignement privé ?     Qu’il vienne chez nous. Il faudrait que le ministre visite notre établissement. Nous ne sommes peut-être pas représentatifs de tout l’enseignement catholique, mais nous sommes un établissement qui accueille des jeunes de toutes nationalités et de toutes origines. Certains sont issus de l’immigration. Certaines familles sont en train de s’installer en France, parfois en attente de papiers. Nous suivons également de nombreux mineurs non accompagnés. Nous sommes ouverts à tous, à la condition que chacun respecte le caractère propre spécifique à l’enseignement catholique, en complète cohérence avec notre appartenance à la Fondation des Apprentis d’Auteuil qui est une œuvre d’Église d’utilité publique.   Nos élèves sont des jeunes fréquemment confrontés à des difficultés d’ordre personnel ou bien familial. Nous travaillons donc avec des personnes issues souvent de milieux relativement humbles, ou parfois bien proches de la pauvreté. Les élèves et apprentis peuvent appartenir à des familles disloquées, habitant des quartiers défavorisés, au cœur de la fracture scolaire, c’est-à-dire recevant peu ou pas de soutien familial sur le plan scolaire.      Pourquoi les jeunes se retrouvent-ils dans votre établissement ?      Caractérisés par une intelligence concrète, un besoin d’attention et de valorisation insatisfait, coincés dans un cursus de formation générale qui ne leur est pas adapté, nos élèves sont vite repérés comme décalés par rapport aux exigences d’un enseignement collectif abstrait et immobile. Dès le collège, ils sont accompagnés dans leur recherche d’une orientation alternative correspondant à leurs souhaits, leurs talents et leurs difficultés éventuelles. Ils sont alors dirigés vers des formations professionnelles courtes (CAP) ou plus longues (Bac pro) après lesquelles ils peuvent poursuivre leurs études. Nos élèves et apprentis proviennent majoritairement de l’enseignement public ; à peine une dizaine sur 175 sont issus du privé.  Ils ont avant tout besoin d’un accompagnement individualisé qui tienne compte de la spécificité de leur parcours. Nous leur…

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Maitena Urbistondoy

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