> Tribune libre de l’Abbé Michel-Jean Pillet (Diocèse de Belley-Ars)
La tentative d’interdiction de l’ouverture d’une maison d’éducation catholique dans l’Ain démontre la hargne du gouvernement et des féministes contre le plus beau métier du monde, mère de famille. Tandis que l’on constate toujours plus d’avortements et toujours plus de chiens et autres animaux de compagnie.
Marchant sur les bords de la Saône, à Trévoux (Ain), je croise très souvent de jeunes adultes seuls, femmes ou hommes (on constate une progression du célibat en France), ou des jeunes couples, tenant en laisse un ou même deux chiens (de peur que le toutou solitaire nʼen vienne à déprimer…). Moins souvent, je vois des jeunes parents promenant leur tout-petit, et j’ai envie de les féliciter (ce que je fais parfois) et de leur décerner la médaille de la famille, car ils sont véritablement les héros d’aujourd’hui ! C’est en effet beaucoup plus exigeant et engageant et compromettant (et coûteux sur une longue durée) d’élever un enfant plutôt qu’un chat ou un chien. Mais quel bonheur à la clé !
Lors de sa récente visite à Jakarta en Indonésie, le pape François a de nouveau déploré les faibles taux de natalité en Europe, regrettant que l’on préfère avoir des animaux de compagnie plutôt que des enfants.
Déjà, lors de l’audience générale du 5 janvier 2022, il avait frappé les esprits en parlant de « l’hiver démographique que nous connaissons aujourd’hui : beaucoup de couples n’ont pas dʼenfants, ou ils n’en ont qu’un seul, parce qu’ils n’en veulent plus, mais ils ont deux chiens ou deux chats… Oui, les chiens et les chats prennent la place des enfants. » Voyez la place des rayons « chiens et chats » dans les grandes surfaces, et les publicités TV « pour ceux que vous aimez le plus » !
Il y a la réalité – dramatique – de l’avortement. En France en 2023, le nombre d’IVG a atteint 243 600, soit 8 600 de plus qu’en 2022, ce qui signifie 34 avortements pour 100 naissances : un enfant conçu sur quatre n’a pas le droit de voir le jour. L’Enfant : ce chef-dʼœuvre en péril, et l’espèce la plus menacée !
Une image négative de la maternité
Il y a l’image de plus en plus négative de la maternité chez les femmes en âge de procréer : liberté et épanouissement personnels, éco-anxiété, féminisme, contraintes de la vie professionnelle… Un salaire parental d’éducation coûterait moins cher à l’État que tous les services de récupération qu’il faut mettre en place pour tenter de recadrer les enfants mal élevés…
Et l’égalitarisme de l’Éducation nationale s’interdit de permettre aux jeunes filles de développer la grâce propre de leur féminité – ce qui permettrait, en même temps, aux garçons de cultiver respect et sens des responsabilités à l’égard de lʼautre sexe… Aussi, « lorsque l’enfant paraît » (Victor Hugo), comme un rescapé miraculeux de toute la culture contraceptive et abortive, on doit faire appel à des « professionnels de la périnatalité et de la petite enfance » (quand ce n’est pas à un soutien psychologique…), parce qu’on n’a jamais appris à ces jeunes femmes comment se préparer à assumer leur belle vocation de mères.
Ce que l’on n’hésitait pas à désigner autrefois comme « le plus beau métier du monde » est devenu aujourd’hui un inconvénient, une difficulté, un problème… quand ce n’est pas une catastrophe.
Le tabou de la féminité
La récente interdiction, de la part de l’académie de Lyon et de la préfecture de l’Ain, qui a empêché l’ouverture à Châtillon-sur-Chalaronne dʼune « Maison dʼÉducation Pauline-Marie Jaricot », en dit long sur ce tabou, cet interdit qui pèse aujourd’hui sur la féminité. Le projet pédagogique de cet établissement catholique hors contrat se propose de « conduire chaque jeune fille à donner le meilleur d’elle-même, grâce à une éducation intégrale » visant « lʼépanouissement spirituel, l’excellence scolaire, lʼéducation à la liberté », sans oublier « la formation artistique », « afin de l’aider à découvrir sa mission féminine : sociale et individuelle ».
Aussitôt, les militantes des droits et de lʼégalité des femmes montent au créneau pour dénoncer un retour à la famille traditionnelle et à la femme au foyer. Quelle horreur ! La modernité progressiste et matérialiste nʼa que faire de mères de familles, maîtresses de maison : elle a remplacé la fécondité par la productivité. Belle libération !
Le communiqué de la préfecture met en avant « l’autorité compétente de l’État en matière d’éducation » (comme il en a bien fait les preuves !), « l’intérêt de lʼordre public [qui serait menacé !] et de la protection de la jeunesse » (qui serait mise en danger par une telle institution !). En réalité, cet oukase ne fait que révéler au grand jour le rouleau compresseur de l’enseignement public, véritable centre de rééducation qui ne tolère pas la différenciation sexuelle et travaille à la confusion des genres.
J’ai l’air de mʼêtre éloigné de mon sujet. Que non pas : car en interdisant aux jeunes filles de valoriser leur féminité, on ne s’étonnera pas de les voir préférer élever des chiens plutôt que des mômes.
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