À la suite des émeutes du 31 mai, au soir de la victoire du club de football Paris-Saint-germain (PSG), la comparution des premiers émeutiers ce lundi 2 juin a surpris par la légèreté des peines prononcées. Alors que le pays panse ses plaies (deux morts, un policier dans le coma, et le patrimoine touché), un climat de violence s’installe.
Dans le contexte des émeutes qui ont éclaté en fin de semaine dernière, ce lundi 2 juin, quatre premiers émeutiers ayant participé aux débordements consécutifs à la victoire du Paris-Saint-germain (PSG) ont comparu devant le juge. À la surprise générale, et en dépit des propos d’Emmanuel Macron qui affirmait : « Nous poursuivrons, nous punirons, on sera implacable », tous les quatre sont ressortis libres du tribunal.
Des peines minimes
Leurs peines minimes (deux à huit mois de prison avec sursis, stage de citoyenneté ou amende) interpellent et font vivement réagir. En effet, le casier vierge des accusés, qui ont par ailleurs reconnu les violences dont ils sont coupables, a plaidé en leur faveur. Si la justice s’est montrée indulgente à l’égard de ces primo-délinquants, sera-t-elle aussi clémente pour la soixantaine d’émeutiers qui doivent comparaître ce mardi 3 juin ?
Les peines encourues apparaissent d’autant plus légères que les émeutes, qui ont secoué la France dans la nuit du 31 mai au 1er juin, ont provoqué la mort de deux personnes, dont un mineur de 17 ans, et qu’un policier gravement blessé est actuellement plongé dans un coma artificiel après avoir été touché par un tir de mortier. Les dégradations urbaines ont été considérables, et ont également touché le patrimoine historique et religieux.
À Alençon, la maison où a vécu la famille Martin – celle de sainte Thérèse de Lisieux – a été incendiée. Une voiture a percuté la devanture de l’immeuble, provoquant un départ de feu. Le logement, totalement détruit, représentait un pan du patrimoine local : il était connu comme la maison familiale et la boutique d’horlogerie-bijouterie où sont nés huit des enfants Martin, dont Léonie, aujourd’hui en procès de béatification.
Banalisation de la violence
Ces événements révèlent une situation qui se dégrade toujours davantage et une banalisation croissante de la violence, comme en témoignent les propos des quatre jeunes comparus. Ceux-ci évoquent l’effet de groupe ou encore l’alcool comme déclencheurs d’actes qu’ils affirment ne pas commettre en temps normal : « Je regrette totalement, je ne suis pas quelqu’un de violent », a ainsi déclaré l’un d’eux.
Quoi qu’il en soit, la tension palpable dans le pays s’exacerbe, nourrie par les réseaux sociaux, qui ont massivement diffusé des vidéos des violences, des dégradations, et des agressions contre les forces de l’ordre.
Dans ce contexte extrêmement tendu, la polémique tourne toutefois autour d’un drame distinct qui a surgi en parallèle des émeutes. Le meurtre d’un Tunisien d’une trentaine d’années dans la nuit du 31 mai, perpétré par un citoyen français de 53 ans, a été revendiqué par l’auteur sur les réseaux sociaux à travers des propos haineux et violents. L’enquête a été confiée au parquet national antiterroriste, qui le qualifie de meurtre raciste et antimusulman. Le suspect, détenteur d’une licence de tir sportif, était équipé de plusieurs armes.
Ce climat de tension extrême traduit une société de plus en plus fracturée, glissant dangereusement vers une normalisation de la violence. La faiblesse des sanctions prononcées à l’encontre des émeutiers et l’incapacité apparente de l’État à restaurer l’ordre risquent d’entraîner le pays dans une spirale de tensions accrues et d’ensauvagement.
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