Le lundi 24 octobre, le Pape François a reçu pour la troisième fois le président français. Pour sa première visite depuis sa réélection, Emmanuel Macron a profité de son passage à Rome pour solliciter une audience privée au Vatican, accompagné du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna.
Moins d’un an après la précédente rencontre, l’audience privée entre le chef d’état français et le souverain pontife s’inscrit dans un contexte international bien différent de celui de novembre 2021. Le Saint-Siège a en effet indiqué dans un bref communiqué que les échanges “ont porté sur des thèmes d’actualité internationale, à commencer par le conflit en Ukraine, avec une sollicitude particulière à l’égard de la situation humanitaire.”
Après avoir été reçu dans la cour Saint Damase, le lieu d’accueil des visiteurs officiels du Pape, notamment les chefs d’État et les ambassadeurs, Emmanuel Macron a échangé durant 55 minutes à huis clos dans la bibliothèque privée du Palais apostolique.
Discussion durant laquelle a donc été évoquée la sécurité en Europe, d’où le cadeau offert à la fin de l’entrevue : une première édition datant de 1797 de « Vers la paix perpétuelle », du philosophe allemand Emmanuel Kant, dont la première page laisse apparaître en polonais l’inscription « Salle de lecture académique de Lviv », ville de l’ouest ukrainien.
La responsable de l’antenne française de Sant’Egidio, Valérie Regnier, était des membres de la délégation présidentielle, composée par ailleurs de plusieurs représentants d’autres religions comme Claudio Galdérisi, président de l’Institut français d’islamologie (groupe d’intérêt public), la rabbine Delphine Horvilleur, ou encore les recteurs des Grandes Mosquées de Paris et Lyon, Chems-Eddine Hafiz et Kamel Kabtane.
La présidente du Secours catholique Véronique Devise et l’archevêque de Paris, Mgr Ulrich avec Mgr Pascal Gollnisch, directeur général de l’Œuvre d’Orient étaient aussi présents.
Après cette rencontre, Emmanuel Macron s’est en outre entretenu avec le cardinal-Secrétaire d’État Pietro Parolin et Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États au Vatican.
La journée s’est poursuivie par un déjeuner avec le président italien Sergio Mattarella puis par une visite à la basilique Saint-Jean de Latran, la cathédrale de Rome, dont les chefs d’états français sont traditionnellement, à la suite des rois de France, chanoines d’honneur.
Bien que le Vatican ait passé sous silence le sujet dans sa communication officielle, le Président a révélé ensuite dans la presse qu’il avait pris l’initiative de mentionner la fin de vie. Il a précisé qu’il n’était pas “pressé” de légiférer pour le moment. François aurait donc peut-être profité de l’occasion pour affirmer la position de l’Eglise sur la question alors qu’une convention citoyenne sur le sujet est lancée en France.
Le vendredi 21 octobre, il avait déjà accueilli en audience les élus français du Nord, accompagnés de Mgr Dollmann, l’évêque de Cambrai. Le Saint-Père y avait ainsi clairement dénoncé l’euthanasie et il a bien précisé “qu’on ne peut demander aux soignants de tuer leurs patients ; qui est un peu le programme de la culture du déchets”.
Le président de la république était principalement de passage en Italie pour participer à l’ouverture du colloque international “Un cri pour la Paix” de la communauté Sant’Egidio. Il y a prononcé un discours de 35 minutes, où il a notamment accusé « les nationalismes fermés, engendrant le rejet de l’autre, et les rêves de pureté, ethnique et religieuse, qui parcourent nos sociétés et conduisent à revenir à une vérité unique » d’être à l’origine du conflit européen actuel.
Ce sommet interreligieux a été conclu, comme à son habitude, au Colisée le mardi 25 octobre en présence du Pape. Ce dernier a ainsi renouvelé l’appel de Jean XXIII au moment de la crise des missiles de Cuba en octobre 1962 : « Aujourd’hui, en effet, ce que nous craignions et ne voulions jamais entendre se produit : l’utilisation d’armes atomiques, qui ont continué à être produites et testées de manière coupable après Hiroshima et Nagasaki, est maintenant ouvertement une menace. »