Europe : les pèlerinages en 2024

Publié le 02 Déc 2024
homme nouveau Chartres pèlerinage

©Notre-Dame de Chrétienté

Les pèlerinages sont un phénomène quasiment universel. Le mot pèlerinage vient du latin peregrinatio qui exprime l’idée de « voyager loin » et dérive de per ager « à travers champs ». En passant par les lieux liés à la vie du Christ, ceux qui ont été sanctifiés par des apparitions mariales ou encore les nombreux sanctuaires liés à des saints, quels sont les succès et nouveautés des pèlerinages de l’année 2024 ? 

 

Cette année Lourdes a accueilli plus de 3,2 millions de pèlerins selon la Sanctuaire. Ce chiffre marque une légère hausse par rapport à 2023. Et l’année n’est pas encore terminée : le premier pèlerinage national des agriculteurs se tiendra les 7 et 8 décembre prochain.

Du côté de Chartres, le plus grand pèlerinage itinérant d’Europe, celui de Notre-Dame de Chrétienté, a battu un record historique avec plus de 16 000 fidèles en 2024. Cet événement s’inspire de la démarche de Charles Péguy en 1912. La croissance a explosé de 7 à 10 % ces dernières années, avec des inscriptions en hausse de 53 % trois semaines avant la date limite.

Pour Odile Tequi, responsable de la communication, cette ferveur reflète une quête de repères dans un monde désorienté : « Nos sociétés, fragilisées par l’instabilité économique, les tensions environnementales et une surconsommation galopante, poussent les jeunes à chercher leurs racines. » Avec des pèlerins venus de 27 pays et un attrait pour la liturgie tridentine, l’édition 2024 confirme le besoin d’un retour aux traditions.

Un nouveau pèlerinage a vu le jour cetté année, pour célébrer la réouverture de Notre-Dame de Paris : celui des 7 routes. “ Quoi de plus symbolique qu’un pèlerinage pour fêter la renaissance de Notre-Dame et refléter le caractère sacré de cet édifice, patrimoine universel, symbole d’unité et de fraternité pour le monde entier ? ” explique une des cofondatrices du pèlerinage.

Sept itinéraires rejoignaient la capitale en partant du Mont-Saint-Michel, de la cathédrale de Vannes,de l’ile de Ré, du sanctuaire de Rocamadour, de la basilique de Fourvière à Lyon, du sanctuaire du Mont Sainte-Odile et enfin de la cathédrale de Boulogne-sur-Mer.

Les pèlerins ont transporté des statuts de saints locaux et ont collecté des intentions de prières tout au long du chemin. Il s’est achevé par une grande procession à Paris le 14 septembre, suivie d’une messe pour les artisans et pompiers qui ont contribué à la reconstruction de la cathédrale.

Les pèlerinages régionaux en vogue 

Les pèlerinages locaux participent également à cet élan. En Bretagne, Feiz e Breizh attirede plus en plus de participants. Lancé en 2017, ce pèlerinage traditionnel breton a rassemblé 2500 fidèles en 2024, témoignant d’un engouement renouvelé.

En Provence, le tout premier pèlerinage Nosto Fe a réuni 2 000 marcheurs en octobre dernier, reliant Cotignac à Saint-Maximin. Le pari est remporté : Jean Rivière, président de l’organisation, explique : « Nous répondons à une réelle demande de valorisation des traditions provençales, en les rattachant à leur passé chrétien. » Dans le Var, cette dynamique se manifeste également lors des processions locales, attirant de nombreuses familles.

En Vendée, La Traversaine de Marie a parcouru plus de 600 kilomètres en calèche, avec une statue de Notre-Dame de France, sur les traces des martyrs de la Révolution. Les organisateurs soulignent l’importance de « commémorer notre histoire régionale à travers ces lieux symboliques ».

Enfin, les marches sous le patronage de Saint Joseph connaissent un essor notable. Depuis leur création en 2011, elles rassemblent désormais jusqu’à 2 000 participants en France, tandis qu’en Belgique, 300 hommes ont pris une journée de congé pour marcher ensemble dans six abbayes. Le coordinateur de ces pèlerinages, évoque leur succès : « Ces hommes, qu’ils soient célibataires, époux ou pères, viennent partager leurs épreuves, rendre grâce et se confesser. Ce n’est pas un lieu pour parler de football ou de voitures, mais bien de ce qui habite leurs cœurs. »

Des lieux emblématiques comme Vézelay, Rocamadour ou le Puy-en-Velay poursuivent également leur rayonnement. Cette redécouverte des chemins spirituels illustre une volonté partagée de renouer avec les racines chrétiennes et culturelles de l’Europe. À Lourdes comme à Chartres, en Bretagne ou en Provence, la marche des pèlerins trace un chemin vers un héritage commun.

Sur les routes de l’Europe

En Allemagne, les pèlerinages mariaux continuent de mobiliser les fidèles, notamment à Altoetting, surnommé la « Lourdes de l’Allemagne », où des milliers de pèlerins se rendent chaque année pour prier devant la célèbre Vierge noire. Les chemins historiques, comme le Marienweg, reliant 50 sanctuaires dédiés à la Vierge Marie, ou la Via Nova, reliant l’Allemagne, l’Autriche et la République tchèque, connaissent un regain d’intérêt en 2024.

En Autriche le sanctuaire de Mariazell, l’un des plus anciens et des plus vénérés d’Europe centrale, a accueilli des milliers de pèlerins en provenance d’Autriche, de Hongrie et de Slovaquie. En 2024, l’affluence y a été particulièrement marquée, avec des groupes de marcheurs empruntant le célèbre chemin depuis Vienne. Le sanctuaire de Heiligenkreuz, proche de Vienne, attire également une foule croissante, séduite par les chants grégoriens des moines cisterciens.

En Italie, le pèlerinage à Assise, sur les pas de Saint François, a vu une fréquentation accrue en 2024, attirant des milliers de fidèles. La Via Francigena, itinéraire médiéval reliant Canterbury à Rome, attire de nombreux marcheurs dans sa partie italienne, confirmant son rôle de « Compostelle italien ». Les sanctuaires mariaux restent des piliers incontournables. À San Giovanni Rotondo, lieu de dévotion à Saint Padre Pio, les pèlerins affluent en nombre. Le sanctuaire de Monte Sant’Angelo, dédié à l’Archange Saint Michel, demeure une destination majeure, imprégnée de mysticisme depuis le Moyen Âge.

Les pèlerinages européens connaissent un regain d’intérêt remarquable, mêlant ferveur spirituelle, quête identitaire et valorisation des patrimoines locaux. En 2024, des sanctuaires emblématiques et des initiatives plus récentes ont attiré des foules de fidèles, révélant un phénomène en pleine expansion.

 

>> à voir également : Succès du pèlerinage de Chartres : et après ?

 

Solène Grange

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