Enseignement catholique (1/4) : Le privé catholique sous contrat a déjà perdu la guerre scolaire 

Publié le 06 Fév 2024
école privée

© Pixabay / 14995841

La polémique entretenue autour des choix personnels du ministre de l’Éducation nationale n’est guère qu’une escarmouche médiatique. Elle ne dit rien de l’assujettissement de l’enseignement catholique sous contrat à l’État et occulte les objectifs réels des parents qui font ce choix.

  Quand l’actuel ministre de l’Éducation nationale a été sommé de donner les raisons pour lesquelles ses enfants étaient inscrits dans un établissement privé sous contrat, il n’a invoqué ni la liberté de choix ni des convictions religieuses. Cela illustre parfaitement le fait que la liberté d’enseignement et l’identité catholique ne pèsent guère dans la préférence exprimée par de nombreux parents pour le privé. Cette misérable affaire médiatique a été l’occasion pour certains idéologues de réclamer à nouveau l’arrêt du financement public des établissements privés. Comme si les parents d’élèves qui y sont scolarisés n’étaient pas des contribuables comme les autres… En fait, qu’elle soit ouverte ou larvée, la guerre scolaire n’a jamais cessé depuis au moins 150 ans.   

Le cadre de la loi Debré

La loi Debré (du 31 décembre 1959, plusieurs fois modifiée entre 1971 et 1998, transposée, en droit constant, dans le Code de l’éducation en juin 2000) établit le cadre, toujours actuel, des relations des établissements privés d’enseignement avec l’État : elle fut incontestablement un tournant. D’une part, elle proclama explicitement la liberté de l’enseignement, son exercice devant être garanti par l’État. D’autre part, en leur octroyant des subsides, elle vint à la rescousse financière d’établissements privés dont certains étaient en difficulté. En effet, la loi du 5 juillet 1904 avait interdit d’enseignement les congrégations religieuses, autorisant cependant les établissements dont le corps enseignant serait sécularisé. Outre que cela conduisit à la fermeture de nombreuses écoles, cette mesure visait, au moins indirectement, à l’élimination à terme de l’enseignement catholique, puisque ses coûts de fonctionnement ne pouvaient qu’augmenter en raison du remplacement des ecclésiastiques (très peu voire pas du tout payés) par des laïcs (ayant souvent charge de famille et devant être correctement rémunérés). Pour autant, la loi Debré n’a pas permis aux établissements officiellement catholiques de rester ou de redevenir pleinement catholiques.   

Des établissements privés… de liberté 

Car le soutien apporté par l’État aux établissements privés signant avec lui un contrat d’association signifie leur inféodation à la puissance politique : la soumission aux programmes de l’Éducation nationale (l’instruction religieuse étant optionnelle) et la surveillance par des inspections académiques. Quant à…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Guillaume Bernard

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

« Mourir pour la vérité » de Corentin Dugast : reconstruire notre vie intérieure

Entretien | Dans son nouveau livre, Mourir pour la vérité, Corentin Dugast rend hommage à Charlie Kirk, figure chrétienne assassinée pour son engagement, et appelle les catholiques à renouer avec une vie intérieure authentique. Entre prière, combat doctrinal et exigence de vérité, il invite à sortir de l’indignation permanente pour retrouver un témoignage chrétien ferme, paisible et profondément incarné.

+

Charlie kirk Amérique Corentin Dugast
SociétéÉducation

Éduquer à l’heure de l’intelligence artificielle

Entretien | Alors que l’intelligence artificielle s’immisce dans tous les domaines de la vie quotidienne, Jean Pouly, expert du numérique et des transitions, alerte sur les dangers d’une génération livrée aux algorithmes sans accompagnement et invite à reprendre la main sur nos usages numériques. Entretien avec Jean Pouly, auteur de Transmettre et éduquer à l’heure de Chat-GPT (Artège).

+

intelligence artificielle
SociétéBioéthique

Filiation : quand le lien se dissocie du vivant

C’est logique ! | La reconnaissance par la France de deux enfants conçus par PMA après la mort de leur père rouvre un débat fondamental : qu’est-ce qu’engendrer ? Entre lien biologique et reconnaissance juridique, la filiation se voit détachée de son fondement naturel, au risque de transformer une relation d’être en simple fiction légale.

+

PMA post mortem filiation
SociétéArt et Patrimoine

L’exposition : Jacques-Louis David

Le musée du Louvre propose une exposition consacrée à l’ensemble de la carrière du peintre Jacques-Louis David (1748-1825) jusqu'au 26 janvier 2026. Cette retrospective est rendue possible par l’exceptionnelle collection que possède le musée.

+

Jacques-Louis David