Mgr Laurent Le Boulc’h a été nommé évêque d’Avranches et Coutances le 5 septembre dernier après plusieurs années de ministère en Bretagne. Il a bien voulu répondre à nos questions sur son nouveau ministère.
Comment avez-vous reçu cette nomination de la part du Pape François ?
Je l’ai reçue avec beaucoup de surprise d’abord, c’est vrai que je ne m’y attendais pas du tout. Je pensais passer encore cette année dans ma paroisse. Et c’est la phrase de l’Évangile du jour qui m’est venue en tête : « Mon fardeau est léger et mon joug facile à porter » et qui m’a habité à ce moment-là. Cette conscience vive de mes limites et que le ministère épiscopal aujourd’hui n’est pas facile, il faut en porter le fardeau. Mais j’avais également la conviction profonde que dans ce fardeau il y a aussi le Christ qui le porte avec nous et qui en fait une expérience de joie et de légèreté. J’espère ne pas vivre comme un accablé par une tâche, de même que j’espère que l’Église ne donne pas le témoignage d’être une accablée devant tous ses problèmes, mais lucide par rapport aux questions d’aujourd’hui. Elle avance et j’avancerai aussi je l’espère avec confiance.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours spirituel ?
J’ai été éduqué dans une famille chrétienne, avec quatre enfants, un papa et une maman. De mes parents j’ai reçu un témoignage très fort de foi et du service dans l’Église. J’ai toujours été fasciné par la personne du Christ. Au cours de mes années de faculté de Physique-Chimie je sentais que je n’étais pas dans ma voie, et la question de la vocation s’est posée de manière forte. J’ai eu la conviction intime extrêmement forte et sensible qu’un amour m’était donné, celui du Christ, et que la seule manière d’y répondre était de devenir prêtre. Je me souviens être rentré en « stop » annoncer la nouvelle à mes parents, et pour la petite histoire c’est d’ailleurs un prêtre qui m’a pris. Je suis donc entré au séminaire et j’ai été ordonné prêtre en 1989, puis j’ai été curé de la paroisse de Lannion, responsable de la zone pastorale de Lannion, membre du conseil épiscopal et prêtre modérateur pour la paroisse de Pleumeur-Bodou jusqu’à aujourd’hui.
Comment appréhendez-vous votre nouvelle fonction ?
Il y a une grande proximité entre la Manche et la Bretagne. Je retrouverai la mer ! Les mentalités vont être, bien sûr, différentes. Je viens un peu comme un voisin, et ce jeu d’être à la fois proche et différent ne peut être que bénéfique.
On vous dit très proche de la jeunesse, dans les aumôneries, les activités scoutes. Est-ce un point important de votre mission ?
J’ai beaucoup œuvré auprès des lycéens et étudiants en tant que jeune prêtre et j’ai été nommé vicaire épiscopal en charge de la pastorale des jeunes, ce qui est rare comme mission, et ce, pendant plus de dix ans. J’ai toujours pensé qu’il fallait établir un rapport de confiance avec les jeunes et surtout qu’il faut les prendre au sérieux, leur faire des propositions de qualité. Il ne faut pas prendre la jeunesse à la légère, c’est la période où l’on se construit, l’on se structure, il faut assurer des fondements solides. Mais j’ai bien conscience que la jeunesse change, que les jeunes d’aujourd’hui ne sont pas les mêmes que ceux que j’ai connus il y a dix ans. Et en même temps je suis persuadé que cette jeunesse fait partie du signe fort d’Évangile de l’Église et qu’il y a un signe fort à poser aujourd’hui d’inter-génération, de relations entre les générations ; c’est une pastorale des jeunes non pas coupée de l’Église mais dans l’Église. S’intéresser aux jeunes et aux enfants c’est faire bouger toute l’Église.
Quelle sera votre priorité pour le travail pastoral au sein de votre nouveau diocèse ?
Faire grandir le dialogue entre les générations, la question de la catéchèse aussi, que j’ai beaucoup étudié et qui m’intéresse, mais je ne vais pas m’enfermer là-dedans. Une attitude d’ouverture et de dialogue avec tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Que l’Église rayonne d’une forme de bonté, d’ouverture et de communion.