Entretien avec les moniales de l’abbaye du Pesquié

Publié le 22 Déc 2010
Entretien avec les moniales de l'abbaye du Pesquié L'Homme Nouveau

Vous avez béni le 11 novembre, en la fête de saint Martin, la première pierre de votre église. Mais l’histoire de votre abbaye est bien plus ancienne. Pouvez-vous la retracer en quelques mots ?

Sœur Bénédicte : Notre abbaye se rattache au père Muard, fondateur de l’abbaye de La Pierre-qui-Vire, d’où partit dom Romain Banquet qui fonda avec mère Marie Cronier les abbayes d’En Calcat et de Dourgne. Celle-ci envoya mère Immaculata de Franclieu, notre première abbesse, fonder un monastère à Madiran, dans les Hautes-Pyrénées, en 1934. L’eau vint à manquer. Les moniales déménagèrent donc à Ozon en 1956, où une autoroute vint troubler le silence nécessaire à une vie contemplative. Aussi mère Marie-Bernard Eudier, seconde abbesse, décida-t-elle en 1990 le transfert du monastère au Pesquié, où tout était à restaurer ou à construire. 20 ans après nous arrivons à l’ultime phase : l’église abbatiale. Un chantier très stimulant !

Aujourd’hui, combien de religieuses êtes-vous ? Avez-vous un aumônier sur place ?

Nous sommes une communauté de 43 moniales, 6 novices et 2 postulantes, et grâce à Dieu, nous avons un aumônier.

Chaque abbaye est comme une famille, avec son identité propre. Comment caractériser celle du Pesquié ?

Un esprit filial vécu dans la foi unit les moniales autour de notre abbesse et entre elles, avec ce qu’il suppose de joie, d’élan vers un idéal commun, de dépassement de soi. Cette famille s’inscrit dans la grande famille de l’Église par notre attachement filial au Saint-Père et la liturgie grégorienne qui développe en nous l’action de grâce et l’intercession dans la joie de l’appartenance totale à Dieu.

On parle beaucoup de crise des vocations, une crise qui ne semble pas être arrivée jusqu’à vous puisque vous avez beaucoup de jeunes sœurs…

Nous le devons à la bonté du Seigneur. C’est le mystère de la grâce.

Nous sommes aussi très reconnaissantes aux prêtres amis et aux familles qui ont apporté aux jeunes qu’ils entouraient le soutien, la stimulation et l’encouragement nécessaires au mûrissement de leur vocation. Le Seigneur appelle toujours des ouvriers pour sa moisson. Mais sa voix est souvent étouffée par le matérialisme ; des vues trop humaines, la peur de s’engager ou trop de blessures rendent la réponse difficile.

Cependant dans tout engagement, ce n’est pas le renoncement qui est premier, c’est le oui d’une vie donnée…

Comment vivre dans la joie cette régularité propre à la vie monastique et que les yeux extérieurs voient plus comme une lassante routine ?

La régularité n’est pas la routine. Elle met simplement de l’ordre dans une vie. À l’inverse d’un carcan, elle donne libre cours à une vie intérieure authentique, source de notre joie. Lorsque l’on reconnaît dans ce qui nous est demandé un appel du Christ, tout devient passionnant. Quand on aime le Seigneur de la Vie, chaque jour paraît une grâce. Et pour ce qui est d’aimer, on n’est jamais arrivé. On peut toujours grandir.

Plus on connaît la Règle de saint Benoît, plus on l’aime et plus on se libère de l’aspect strictement extérieur pour devenir intérieur. On découvre où est l’essentiel.

Parlez-nous du silence, si cher à votre mère fondatrice.

Le silence est la part de Dieu, la condition nécessaire pour écouter Dieu, pour se connaître en vérité. Le silence n’est pas un vide, il est habité par la présence de Dieu qui seul peut combler le cœur de l’homme. Il permet de prendre du recul sur les évènements. Il donne libre cours à la prière qui est écoute de la Parole de Dieu avant d’être une réponse. C’est le lieu de la rencontre avec le Christ. C’est pourquoi il nous est si cher, bien que parfois exigeant et difficile.

Aimer le silence c’est aimer la vie avec Dieu. Amour du silence et silence de l’Amour ce n’est pas un simple jeu de mots !

En effet, quand on comprend que le but de la vie est d’apprendre à aimer, on comprend du même coup la valeur du silence : quand on aime, un échange de regards souvent suffit. C’est ce que nous appelons la contemplation et elle peut prendre mille formes.

Nous savons combien la vie des religieux est une vie de pauvreté. De quoi vivez-vous ? Peut-on vous aider ?

Le travail est notre forme de pauvreté selon la pensée de saint Benoît : « Ils seront vraiment moines s’ils vivent du travail de leurs mains ». Nous vivons de la culture de la terre (ferme, verger, potager) et de notre atelier de reliure. Notre pauvreté matérielle est le signe d’une réalité plus profonde : la dépendance radicale envers Dieu notre Père : tout vient du Père et tout retourne à Lui ! Notre pauvreté implique la confiance en la Providence de Dieu et dans la bonté de nos frères surtout à l’heure où nous nous lançons dans ce projet de construire une église pour la gloire de Dieu. Ce projet nous dépasse, la construction d’une église a toujours été l’expression de la foi du peuple de Dieu. De même que notre prière dépasse les murs de notre monastère, cette construction est portée par la foi et la générosité de tous les hommes de bonne volonté, désireux que Dieu soit glorifié.

Don possible par chèque libellé à l’ordre de la Fondation des Monastères, envoyé à l’Abbaye Notre-Dame du Pesquié, 09000 Foix. Tél. : 05 61 02 97 55 – Fax : 05 61 02 46 55 – www.abbaye-pesquie.org

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