Le numéro de L’Homme Nouveau de cette semaine publie un dossier sur le projet de loi sur la recherche sur l’embryon qui devrait être voté le 28 mars prochain. La Fondation Jérôme Lejeune tire actuellement la sonnette d’alarme; par ce dossier L’Homme Nouveau s’y associe. En cinq pages, à l’aide de moralistes, de juristes et de médecins, notre journal fait le point sur la nouvelle transgression qui pointe. Après avoir voulu organiser la société « sans Dieu et sans roi » (Jules Ferry), le monde moderne a décidé de se passer de l’homme. Nous publions ci-dessous le texte d’introduction à ce dossier. Non, l’embryon n’est pas un objet de laboratoire.
« Notre pays est très en retard sur les lois de bioéthique », déplorait le 4 octobre 2012 Catherine Lemorton, présidente PS de la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale. Le Sénat a en effet voté le 3 octobre dernier, à l’unanimité moins une abstention, une « proposition de loi tendant à modifier la loi n° 2011-814 du 7 juillet 2011 relative à la bioéthique en autorisant sous certaines conditions la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires ». À l’autorisation par exception de recherche sur l’embryon, les « révisionnistes » de la bioéthique voudraient substituer un régime d’autorisation par principe. Concrètement, les faits seraient les mêmes puisque l’Agence de biomédecine (ABM) habilitée à dispenser ces autorisations en prodiguait avec générosité à qui voulait triturer des embryons pour l’avancement de la science…
Pourtant, symboliquement, l’enjeu est de taille. Autoriser, en bonne et due forme, la recherche sur l’embryon serait un nouveau « changement de civilisation », une avancée de plus dans la barbarie. Car il n’y a pas d’autres mots. Le premier pas était fait, les autres ont suivi dans l’indifférence quasi générale de citoyens saturés à l’envie par le débat sur le « mariage pour tous ». Livrés à eux-mêmes, les parlementaires se sont payé le luxe de débattre et de statuer au mépris de la loi de 2011. Laquelle stipule que l’État a l’obligation légale d’organiser des états généraux avant toute modification des lois bioéthiques et que ces mêmes lois ne devaient pas être révisées avant sept ans à compter de la dernière modification… Qu’importe, le texte a été voté au Sénat le 4 décembre dernier à 203 voix contre 74.
Le projet a été voté par l’ensemble de la gauche, à l’exception de cinq sénateurs écologistes qui se sont abstenus. Dominique Orliac, député PRG du Lot, a été nommée par la Commission des Affaires sociales le 30 janvier dernier rapporteur du projet de loi pour l’Assemblée nationale. Le texte, c’est désormais officiel, y sera examiné le 28 mars prochain. Si la majorité l’approuve, l’autorisation de recherche sur l’embryon sera légalisée.
Demeurent pourtant quelques juristes, moralistes, scientifiques ou simples citoyens qui continuent de faire valoir l’iniquité de ce qui n’a que l’apparence de lois, à exiger de l’État qu’il garantisse la protection des plus faibles. Ils ouvrent la voie à ce combat que nous nous devons de mener.