Face aux ténèbres, apprendre à imiter les saintes femmes

Publié le 10 Avr 2024
saintes femmes

Les Saintes Femmes au tombeau du Christ par Daniel Sarrabat, 1713, église Sainte-Marie-Madeleine (Thoissey).

Au cours de la Vigile Pascale, le pape François a commenté le rôle et surtout l’espérance des saintes femmes dans l’épisode de la résurrection. Il nous invite, comme elles, à passer des ténèbres à la lumière avec le Christ. 

 

Depuis le commencement de la vie publique du Christ, la femme a toujours montré à l’égard de Jésus et de son mystère une sensibilité particulière correspondant aux caractéristiques de sa féminité. Mis à part Jean, seules les femmes étaient restées avec lui au pied de la Croix. À l’aube de la résurrection, ce sont les femmes qui sont les premières près du tombeau.

Elles sont donc les premières à trouver le tombeau vide et à entendre : « Il n’est pas ici, car il est ressuscité comme il l’avait dit » (Mt 28, 6). Elles sont également les premières à étreindre ses pieds (cf. Mt 28, 9) et les premières appelées à annoncer cette vérité aux Apôtres (cf. Mt 28, 1-10 ; Lc 24, 8-11). Étourdies par les larmes du Vendredi saint, paralysées par la douleur, elles pensent que tout est fini, que Jésus n’a pas été fidèle à sa promesse, que la pierre du tombeau a clos définitivement l’histoire de Jésus de Nazareth.

Pourtant une petite mèche brûle encore. Aussi, se rendent-elles au tombeau, le sabbat terminé. La pierre est devenue le centre de leurs préoccupations : « qui roulera la pierre ? » Et puis, c’est la surprise une fois qu’elles arrivent au tombeau. Arrêtons-nous un instant sur ces deux moments qui marquent la nuit pascale, en répondant à la première question : « qui roulera la pierre ? » et ensuite en levant les yeux avec les saintes femmes, pour voir que la pierre avait déjà été roulée.

Pour répondre à cette double question et éclairer les belles paroles du Pape lors de la Vigile pascale, ce 30 mars, je voudrais citer celles de Benoît XVI aux évêques suisses en 2006 :

« Dieu n’échoue pas. Ou, plus exactement : initialement, Dieu échoue toujours, il laisse exister la liberté de l’homme et celle-ci dit toujours non. Mais l’imagination de Dieu, la force créatrice de son amour est plus grande que le non humain. À travers tout non humain, est donnée une nouvelle dimension de son amour, et Il trouve une voie nouvelle, plus grande, pour réaliser son oui à l’homme, à son histoire et à la création. Dieu “échoue” en Adam – et il en est ainsi apparemment au cours de toute l’histoire.

Mais Dieu n’échoue pas, car à présent il devient lui-même homme et recommence ainsi une nouvelle humanité ; il enracine la condition de Dieu dans la condition d’homme et descend dans les abîmes les plus profonds de la condition d’homme ; il s’abaisse jusqu’à la croix. Il vainc l’orgueil par l’humilité et par l’obéissance de la Croix. »

Cette peur devant la pierre à rouler, nous la connaissons aussi. Une pierre tombale est souvent placée dans notre cœur étouffant notre vie spirituelle et nous emprisonnant dans notre égoïsme, bloquant le chemin joyeux des vertus. Chacun de nous a en soi « des murs de caoutchouc de l’égoïsme ». C’est alors que nous devons imiter les saintes femmes qui, malgré la peur et les ténèbres de leur cœur, levèrent les yeux et virent que la pierre avait déjà été roulée. La Résurrection de Jésus est une victoire définitive sur la mort, le péché, le diable et le monde, mais aussi sur toute peur.

Levons les yeux. Ouvrons-les à la lumière du Christ ressuscité, pour que la petite sœur espérance n’ait jamais de fin. Laissons Jésus nous prendre par la main, nous faire passer des ténèbres à la lumière, en nous entraînant dans la ruée lumineuse de son pardon, en attendant de chanter avec lui, sa Mère et tous les saints, dans la vie éternelle, le cantique nouveau de tous les rachetés. Jésus, l’homme des douleurs, n’est plus en prison. Il a ouvert une brèche dans la muraille satanique. Il se hâte de venir à nous. Réjouissons-nous de cette victoire avec sa Mère. Regina caeli laetare. Alleluia.

 

>> à lire également : De la nouvelle traduction du Pater

 

Un moine de Triors

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉgliseSpiritualité

Le pari gagnant de Sacré Cœur

Sorti le 1er octobre, le film Sacré Cœur a su transformer la polémique en tremplin. Interdit d’affichage dans les réseaux de la RATP et de la SNCF pour « caractère prosélyte », le docu-fiction de Steven et Sabrina Gunnell s’impose comme un véritable phénomène au cinéma.

+

sacré cœur cinéma
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique | Agnus 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Cet Agnus Dei est daté du XIᵉ siècle et ses sources manuscrites proviennent surtout d’Italie ou de France. Sa mélodie du 2ᵉ mode est assez expressive et certains de ses intervalles, assez importants lui donnent un caractère assez aérien. Les première et troisième invocations sont identiques, et la seconde est mélodiquement plus sobre et plus retenue.

+

grégorien croix introït offertoire agnus dei communion
ÉgliseLiturgie

La pause liturgique | Sanctus 12, Pater cuncta (Fêtes des saints)

Le Sanctus XII est richement représenté au niveau des sources manuscrites puisqu’on en compte un peu plus d’une centaine. Daté du XIIIᵉ siècle, ce Sanctus est emprunté mélodiquement au 2ᵉ mode, et sa structure mineure lui confère un caractère méditatif assez remarquable. Il est expressif, tout en étant aussi très intérieur.

+

sanctus
ÉgliseLectures

Carte blanche : L’« épouvantail » Rampolla

Jean-Marc Ticchi, spécialiste de l’histoire de l’Église au tournant des XIXᵉ et XXᵉ siècles, offre la première biographie historique du cardinal Rampolla (1843-1913), secrétaire d’État de Léon XIII pendant plus de quinze ans, et qui a eu, dès son vivant, une mauvaise réputation dans certains milieux.

+

cardinal Mariano Rampolla