Détourné de son sens, le terme « fascisme » est utilisé pour ostraciser tout ce qui semblerait faire obstacles aux démocraties, visant entre autres les défenseurs de l’ordre naturel et chrétien. Un contresens complet – le fascisme étant par essence révolutionnaire, totalitaire et païen – qui sert pourtant d’arme politique depuis des décennies. Démonstration.
Il arrive trop souvent que la signification exacte d’une dénomination politique soit profondément altérée par son usage courant, sciemment voulu pour des raisons politiciennes. Ainsi François Furet avait-il souligné le « caractère quasi sacramentel depuis la Seconde Guerre mondiale » (1) de l’identification du combat démocratie/antidémocratie au combat fascisme/antifascisme. L’Union soviétique étant dans le camp des vainqueurs, tous ceux qui la critiquaient et qui n’étaient ni libéraux ni de gauche étaient nécessairement fascistes. « Le terme fasciste a été, au fur et à mesure, utilisé de façon toujours plus indistincte et générique » (2), observe l’historien du fascisme Renzo De Felice. Le général Franco, Salazar, Pinochet, Jean-Marie Le Pen, récemment Javier Milei… la liste est longue des mouvements et des hommes politiques qui ont subi et subissent encore l’anathème.
Un mouvement révolutionnaire
Cette accusation est généralement purement mensongère, surtout lorsqu’elle vise les défenseurs de l’ordre naturel et chrétien. En effet, à l’image de son fondateur et chef, Benito Mussolini, le fascisme est un mouvement qui s’affirme révolutionnaire, puisant ses racines dans le socialisme (3) et la Révolution française. Précisons tout de suite qu’il n’y a pas de fascisme supranational (4) et qu’au sens strict, il n’est qu’un mouvement politique italien, même s’il exerça des influences évidentes dans d’autres pays, principalement dans les années 1930. La Révolution française est la matrice de toutes les révolutions suivantes, bolchevique, fasciste et national-socialiste. Dans tous les cas, nous trouvons l’idée de transformation radicale de la société en vue de la création d’un homme nouveau. Selon Frédéric Le Moal, auteur d’une excellente Histoire du fascisme, Mussolini « suivit toute sa vie un dessein politique qui le déporta du socialisme au fascisme sans un reniement personnel profond, une ligne construite autour du même projet : remodeler la nature de l’être humain » (5). Son antilibéralisme l’incita, nous dit aussi François Furet, à « en finir avec le bourgeois au nom de l’homme nouveau » (6). Il vit dans la guerre (l’Italie y entra en 1915) un moyen de réaliser la révolution qu’il désirait.
Une conception idéaliste de l’État
Ce projet révolutionnaire s’appuyait aussi sur le nationalisme…