Entre le printemps 1915 et l’automne 1916, l’Ange de la Paix qui veille sur le Portugal va apparaître à Lucie dos Santos, âgée de 8 ans et à sa cousine Jacinthe et son frère François tous deux un peu plus jeunes. Grâce au messager céleste c’est tout un programme de vie qui va être proposé aux enfants de Fatima. La pédagogie divine est à l’œuvre. À 8 ans, Lucie dos Santos ne sait pas lire ; il en va ainsi, s’agissant des filles, dans les populations rurales portugaises en ce début du XXe siècle. L’enfant, qui a pourtant assimilé son catéchisme avec une déconcertante facilité, ce qui lui a permis de faire sa première communion à 6 ans, est, pour tout le reste, d’une immense ignorance ; elle ne sait même pas nommer les mois ni les jours de la semaine. C’est pourquoi, s’agissant des évènements de 1915, elle ne pourra jamais les dater précisément et se bornera à dire : « C’était entre avril et octobre ». Depuis quelques mois, Lucie doit prendre sa part du travail familial et se rend chaque matin faire paître les brebis sur les terres de son père ou d’un proche, accompagnée de trois fillettes de son âge, Maria Justino, Teresa et Maria-Rosa Martas choisies par ses parents en raison de leur sérieux et de leur piété. Ce jour-là, les enfants sont montées sur la colline du Cabeço d’où elles dominent la vallée et, comme d’habitude, conformément aux recommandations maternelles, disent leur chapelet. Au soleil, il est midi quand, soudain, Lucie voit « au-dessus des arbres de la vallée (…) planer, comme un nuage plus blanc que neige, quelque chose de transparent ayant forme humaine ». Les trois autres ont vu aussi ; étonnées, elles demandent : « Qu’est-ce que c’est ? ». « Je ne sais pas ! » répond Lucie. À la fin du chapelet, la forme disparaît.
Une personne enveloppée d’un drap…
De retour au hameau, Lucie, d’un caractère taciturne, garde pour elle l’inexplicable phénomène, mais ses compagnes s’empressent d’en parler ; très vite, tout le monde est au courant, et d’abord Mme dos Santos. Si celle-ci a toujours cajolé Lucie, sa benjamine, cette éducatrice rigide ne supporte pas le mensonge, et elle interroge sans douceur : « Qu’as-tu vu ? ». « Je ne sais pas… comme une personne enveloppée d’un drap… On ne voyait ni ses mains ni ses pieds. » Maria Rosa se rassure : ce ne sont « que…