Ma première année de séminaire a été d’une intensité peu commune : en l’espace de quelques mois, je suis témoin de l’agonie du grand Jean-Paul II, puis de ses obsèques si bouleversantes sur la place Saint-Pierre, présidées par celui que je connaissais encore bien peu et qui parvint en quelques minutes à offrir au monde l’essentiel de ce que fut son prédécesseur, en méditant sur l’appel de Jésus à son disciple Pierre : « Viens et suis-moi ». Quelques jours plus tard, cet homme humble et discret devenu pape apparaît radieux sur la place Saint-Pierre et une fois encore se glisse tel un disciple dans le sillage de son prédécesseur, en reprenant son invitation : « N’ayez pas peur, ouvrez les portes au Christ ». Il y ajoute cette formule qui s’inscrit profondément dans mon esprit car elle correspond parfaitement à ce que je vis : « Le Christ n’enlève rien, il donne tout ». Très vite, les Journées mondiales de la Jeunesse à Cologne lui donnent l’occasion de se présenter au monde et particulièrement aux jeunes, qu’il parvient à toucher profondément malgré la comparaison constante avec son prédécesseur si charismatique. Ses catéchèses, son sourire, sa fragilité, son recueillement font sentir aux milliers de jeunes dont je fais partie que le Pape les aime et les prend au sérieux. Puis, quelques mois plus tard, lors de la parution de sa première encyclique Deus caritas est, je découvre avec un émerveillement toujours plus grand que ses propos parlent de moi, décrivent mon expérience avec des mots que je n’aurais su trouver : « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive. » Je sens à ce moment qu’une sorte d’alliance s’établit entre nous, et durant les huit années qui suivent, je m’efforce de saisir toutes les occasions d’aller à sa rencontre, le lire et suivre ses invitations. La découverte des quatre ouvrages de Peter Seewald, rédigés en collaboration avec Joseph Ratzinger devenu Benoît XVI (Sel de la terre, Lumière du monde, Voici quel est notre Dieu, Dernières conversations), m’a aidé à prendre un peu plus la mesure de l’homme, de son parcours, de ses intuitions fondamentales. Cela explique en partie l’insouciance avec laquelle je me suis lancé dans la…
Quas Primas (1/4) : Une encyclique pour son temps
DOSSIER | 1925-2025 : « Aux origines de la fête du Christ-Roi » | C’est le contexte des années 1920, pendant lesquelles montent en puissance des États et des idéologies anticatholiques et laïcistes que l’inquiétude du pape Pie XI, face à ces cultes de la Nation, de l’État, de la Révolution ou du Prolétariat, va le pousser à donner des remèdes spirituels au monde. L’ordonnance contre ces fausses religions mortifères, c’est Quas Primas (11 décembre 1925).