Fiducia supplicans : le déploiement du nouveau paradigme 

Publié le 09 Jan 2024
fiducia supplicans

L'Église semble avoir adopté la notion de couple selon un usage sémantique issu de l'esprit du monde. © Jcomp / Freepik

La récente déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi a suscité beaucoup de perplexité et de nombreuses réactions à travers le monde. Mais elle semble en fait obéir au « changement de paradigme » théorisé dès les années 30 par le père Congar, dont le cardinal Schönborn et le cardinal Kasper avaient réclamé l’application aux « couples irréguliers » lors des Synodes pour la Famille des années 2014 et 2015.

  Comment penser Fiducia supplicans ? Et que faire ? Voilà les deux questions qui se posent après la publication par le nouveau Dicastère pour la Doctrine de la Foi d’un texte autorisant à certaines conditions la bénédiction par un prêtre de « couples en situation irrégulière » et de « couples » de même sexe. Un tel événement pose de si nombreux problèmes aux enjeux colossaux que nous ne prétendons pas les traiter en quelques lignes.   

Plusieurs distinctions

Le Dicastère, ne pouvant s’opposer frontalement au texte de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 22 février 2021 affirmant que « l’Église ne dispose pas, ni ne peut disposer, du pouvoir de bénir les unions de personnes de même sexe », procède à plusieurs distinctions, principalement celle entre bénédiction liturgique d’une part et bénédiction informelle et spontanée issue de la piété populaire d’autre part. De là, elle affirme :

« Dans l’horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe, sous une forme qui ne doit pas être fixée rituellement par les autorités ecclésiales, afin de ne pas créer de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage.

Dans ces cas, on donne une bénédiction qui n’a pas seulement une valeur ascendante, mais qui est aussi l’invocation d’une bénédiction descendante de Dieu lui-même sur ceux qui, se reconnaissant indigents et ayant besoin de son aide, ne revendiquent pas la légitimité de leur propre statut, mais demandent que tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint.

Ces formes de bénédiction expriment une supplication à Dieu pour qu’il accorde les aides qui proviennent des impulsions de son Esprit – que la théologie classique appelle “grâces actuelles” – afin que les relations humaines puissent mûrir et grandir dans la fidélité au…

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Thibaud Collin

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