Fin de vie : quand le relativisme brouille l’éthique médicale

Publié le 24 Sep 2024
fin de vie euthanasie

Le suicide assisté fait partie d’une nouvelle « médecine du désir », au même titre que la chirurgie esthétique.

Mis en pause par la dissolution de l’Assemblée nationale, les débats autour de la loi sur la fin de vie ne tarderont pas à reprendre. À l’heure où les définitions traditionnelles de la médecine sont progressivement remises en cause par le relativisme, la fin de vie participe de cette mutation, où le patient n’est plus seulement bénéficiaire mais décideur. 

  La tourmente politique actuelle n’a fait que différer le débat législatif sur « la fin de vie ». Celle-ci étant l’effet d’un mouvement profond ne va pas disparaître en raison des dernières perturbations électorales. Ce mouvement est alimenté depuis des décennies par de puissants groupes de pression dont, au premier rang, les loges maçonniques qui jouent, comme toujours, un rôle de chef d’orchestre entre les différents acteurs : médecins, journalistes, associations, politiques, acteurs économiques et scientifiques. Mais il serait naïf de ne voir dans cette revendication à l’euthanasie et au suicide assisté que le fruit d’un agenda partisan. Il faut aussi en interroger les présupposés et les conditions de crédibilité. À ce titre, la mutation de la médecine depuis quelques décennies semble essentielle. Nous entendons par mutation de la médecine, bien sûr celle de ses pratiques mais aussi en amont, le changement dans la compréhension de la nature de la médecine. Nous sommes passés en quelques années d’une médecine hippocratique à une médecine qu’un livre récent nomme la « médecine des désirs » [1]. 

L’acte médical

La conception traditionnelle de la médecine est fondée sur l’œuvre et la pratique du médecin grec Hippocrate de Cos (460-370 av. J.-C.). La médecine est indissociablement un art réglant des gestes techniques ; une science portant sur le fonctionnement du corps humain ; et une prudence permettant de discerner ce qui est ajusté à ce patient. Reposant sur un diagnostic, un pronostic et une prescription thérapeutique, la médecine est en effet avant tout l’activité d’une personne qui en soigne une autre. Le fameux serment d’Hippocrate déclare :

« Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant mes forces et mon jugement, et je m’abstiendrai de tout mal et de toute injustice. (…) Je ne remettrai à personne du poison, si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ; semblablement, je ne remettrai à aucune femme un pessaire abortif. Je passerai ma vie et j’exercerai mon art dans l’innocence et la pureté. » [2]

Dans cette conception, le médecin est le médiateur…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Thibaud Collin

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneSociété

L’homme transformé (3/3) | Résister à l’emprise du monde moderne

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Face à un système fondé sur le consensus, la conformité et la servitude volontaire, la résistance ne peut plus prendre la forme des révoltes d’hier. Elle passe aujourd’hui par la lucidité, la formation intellectuelle et la reconstruction d’une vie réellement libre.

+

l’homme transformé totalitarisme
À la uneSociété

L’homme transformé (2/3) | La métempsychose du totalitarisme

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Sous des formes nouvelles, le totalitarisme poursuit son œuvre de domination. Né du rejet de l’héritage chrétien et de la volonté de refonder l’homme, il s’est recomposé dans les sociétés libérales contemporaines. Sans violence apparente, mais par l’idéologie, le contrôle social et le déracinement, il impose désormais une version de lui-même d’allure douce.

+

homme transformé totalitarisme
À la uneSociété

L’homme transformé (1/3) | Du totalitarisme au transhumanisme, la tentation de l’homme transformé

DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu » | Dans son essai L’Homme transformé, Philippe Pichot Bravard analyse un fil rouge de l’histoire moderne : la volonté de créer un « homme nouveau ». Des régimes totalitaires du XXᵉ siècle aux projets transhumanistes, cette utopie revient sous des formes différentes mais garde la même logique. Entretien.

+

homme transformé homme nouveau
À la uneSociété

La messe n’est pas dite : Zemmour réclame une bouée trouée

L’Essentiel de Thibaud Collin | Dans son nouvel essai La messe n’est pas dite, Éric Zemmour en appelle à un « sursaut judéo-chrétien » pour sauver la France. Mais sous couvert d’un éloge du catholicisme, l’auteur ne réduit-il pas la foi chrétienne à un simple outil civilisationnel ? Une vision politique, historique et culturelle qui oublie l’essentiel : la source spirituelle de la France chrétienne.

+

la messe n’est pas dite zemmour
Société

« Mourir pour la vérité » de Corentin Dugast : reconstruire notre vie intérieure

Entretien | Dans son nouveau livre, Mourir pour la vérité, Corentin Dugast rend hommage à Charlie Kirk, figure chrétienne assassinée pour son engagement, et appelle les catholiques à renouer avec une vie intérieure authentique. Entre prière, combat doctrinal et exigence de vérité, il invite à sortir de l’indignation permanente pour retrouver un témoignage chrétien ferme, paisible et profondément incarné.

+

Charlie kirk Amérique Corentin Dugast
SociétéÉducation

Éduquer à l’heure de l’intelligence artificielle

Entretien | Alors que l’intelligence artificielle s’immisce dans tous les domaines de la vie quotidienne, Jean Pouly, expert du numérique et des transitions, alerte sur les dangers d’une génération livrée aux algorithmes sans accompagnement et invite à reprendre la main sur nos usages numériques. Entretien avec Jean Pouly, auteur de Transmettre et éduquer à l’heure de Chat-GPT (Artège).

+

intelligence artificielle