L’homme transformé (1/3) | Du totalitarisme au transhumanisme, la tentation de l’homme transformé

Publié le 19 Nov 2025
homme transformé homme nouveau

Un modèle de l’homme nouveau hitlérien. © Dutch National Archives

> DOSSIER n° 1843 « L’homme transformé, l’illusion d’un salut sans Dieu »
Philippe Pichot copie homme transforméDans son essai L’Homme transformé (Via Romana, 2025), Philippe Pichot-Bravard analyse un fil rouge de l’histoire moderne : la volonté de créer un « homme nouveau ». Des régimes totalitaires du XXᵉ siècle aux projets transhumanistes, cette utopie revient sous des formes différentes mais garde la même logique. Entretien.

 

| Aujourd’hui, le terme d’« homme transformé » renvoie notamment aux transitions de genre. Or l’idéologie du genre prétend ne pas s’imposer à tous. Dès lors, peut-on la qualifier de totalitaire ?

Nous ne sommes en effet pas obligés de changer de sexe, mais nous sommes quasiment obligés dans la vie sociale de nous placer sur le terrain de l’idéologie transsexuelle : on ne tolère pas que vous n’acceptiez pas le vocabulaire, l’écriture, les formes sociales qui reconnaissent une réalité à ce qui est une chimère. D’autre part, cette idéologie de la transformation participe au projet transhumaniste en se servant des fragilités de certains individus, notamment au moment de l’adolescence, que l’on pousse à supporter des traitements chimiques ou à subir des opérations chirurgicales irréversibles dont beaucoup souffrent ultérieurement et ne se remettent jamais. Que l’on songe à l’assassin du Minnesota (L’HN n° 1837). À cet égard, l’idéologie transsexuelle est un mensonge qui promet à des individus fragiles un bonheur qu’ils ne trouveront pas : ils ne trouveront que le malheur et le remords.  

| Vous revenez sur l’histoire des divers totalitarismes. Quels sont les critères qui permettent de déterminer qu’un régime est totalitaire ? 

Le totalitarisme est un phénomène récent qui se distingue des autres formes de régime plus anciennes que sont la tyrannie, la dictature ou le despotisme. Le mot « totalitarisme » lui-même est apparu dans la langue il y a un siècle, en 1923, en Italie, utilisé par un homme politique italien libéral pour qualifier l’expérience politique de Mussolini, lequel est le seul à avoir revendiqué une « farouche volonté totalitaire », définie ainsi : « tout par l’État, rien hors de l’État ». Le totalitarisme désigne donc un régime dans lequel l’État exerce une emprise totale sur la société et sur l’homme, s’emparant de tous les aspects de l’existence de cet homme, s’employant à donner naissance à une société nouvelle et à un homme nouveau. Les universitaires qui se sont depuis la Seconde Guerre mondiale intéressés au phénomène…

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Marguerite Aubry

Marguerite Aubry

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