Le Pape revient sur l’humilité de Marie dans son Angelus du 15 août.
Depuis le 1er novembre 1950 et la proclamation solennelle de Pie XII, c’est un dogme de foi que de croire que Marie, à la fin de sa vie terrestre, sans avoir connu la corruption, est montée corps et âme au Ciel. La mort de Marie, que les Orientaux appellent dormition, n’est pas quant à elle de foi, mais elle a été enseignée par tous les papes de Pie IX jusqu’au pape François inclus et pratiquement l’unanimité des théologiens et spirituels adhèrant à cette doctrine. Depuis Pie XII, l’évangile de la messe est le passage de la Visitation remplaçant celui de Marthe et Marie lu autrefois. Ce choix met en évidence l’humilité de Marie sur laquelle insiste le Pape.
L’humilité est loin d’être une vertu passive qu’il faudrait éradiquer au nom de l’activisme comme le pensaient les « américanistes » condamnés par Léon XIII. Non, c’est la vertu des forts et elle demeure la clé de l’union à Dieu. Le démon a dit au Curé d’Ars : « Tout ce que tu fais, je le fais mieux que toi. Tu jeûnes, je ne mange pas. Tu mortifies ton sommeil. Je n’ai point besoin de dormir. Il n’y a qu’une seule chose que tu pratiques et que je ne peux faire : m’humilier. »
Après avoir été exaltée par sa cousine Élisabeth, Marie chante son Magnificat qui est comme une photographie de tout son être. Marie nous enseigne par là que le mystère du Christ est un mystère de vie et non de mort. Mais pour que la vie l’emporte, il faut qu’elle soit puisée en Dieu et non en nous-mêmes qui ne sommes que de pauvres créatures. Toute vie vécue en dehors de Dieu, même apparemment remarquable, ne sera qu’un éclair stérile. Tout passe ici-bas, y compris la figure de ce monde. Il ne faut pour vivre que regarder Dieu et on ne peut le faire que par l’humilité. Si nous sommes humbles, Dieu nous regardera, comme il a regardé Marie. Le secret de Marie, c’est l’humilité. Le secret de l’union à Dieu, c’est l’humilité. Seule l’humilité attire le regard de Dieu. L’œil humain recherche toujours la grandeur qui peut se résumer par les trois concupiscences. Dieu ne regarde jamais l’apparence, le pur affectif. Il sonde les cœurs. L’humilité, seul moyen de plaire à Dieu, est vraiment le chemin qui conduit au Ciel. Marie, depuis son Assomption, est plusieurs fois venue sur cette terre pour nous appeler à la conversion par la prière et la pénitence. C’est toujours à des enfants et à des petits comme elle qu’elle s’est adressée. Humilité vient de humus qui signifie originellement terre. Il s’agit là d’une antithèse chère à Dieu qui aime les paradoxes. L’humilité élève vers le Ciel, mais pour y arriver, il faut rester petit, c’est-à-dire à terre. Posons-nous donc la question essentielle : suis-je humble ? Est-ce que j’accepte les humiliations (il en faut beaucoup pour faire un peu d’humilité, disait sainte Bernadette) ? Ou, au contraire, est-ce que je désire paraître ? Il est très important de se poser de telles questions, car l’humilité sera toujours au point de départ de la sainteté.
Pensons toujours à Marie et à son humilité. Dante l’a définie « humble et élevée plus qu’une créature ». La première des rachetés, la plus grande Dame de l’histoire a passé sa vie quasiment ignorée de tous. Ses journées n’avaient rien d’exceptionnel, mais elle accomplissait de façon exceptionnelle ce qui était tout à fait ordinaire. C’est parce qu’elle a toujours été humble et disponible, parce que le péché n’a jamais effleuré ni défloré la beauté de son cœur, qu’elle a plu à Dieu. C’est pour nous un grand message d’espérance. Imitons la Porte du Ciel qui seule peut nous conduire au Port du Salut.