L’inculturation de l’Évangile dans le monde postmoderne

Publié le 30 Oct 2023
inculturation de l'évangile dans le monde postmoderne

L'envoi en mission des apôtres : faut-il reformuler, au risque de les dénaturer, la foi et la morale chrétiennes pour qu'elles soient mieux reçues ? © Enluminure du Livre des péricopes d'Henri II, v. 1010.

Jusqu’à quel point faut-il adapter l’annonce de la foi à la culture contemporaine ? Mgr Jean-Claude Hollerich donne sa réponse dans un livre paru l’année dernière. Et celle-ci trahit une ignorance indigente de la philosophie et une naïve fascination pour ce que cette culture aurait à apprendre à l’Église, altérant gravement le sens de l’Évangile qu’il est censé prêcher.

  L’Évangile du Salut doit être annoncé à tous les hommes de toutes les époques et vivant dans toutes les cultures. Il est dès lors hautement nécessaire de réfléchir à l’évangélisation des hommes vivant dans nos sociétés occidentales largement déchristianisées. Ces sociétés ont sécrété une culture singulière qui dispose la pensée et l’action de ceux qui y sont immergés. Il convient de savoir ce que signifie alors l’inculturation de la foi dans une telle culture. Saint Jean-Paul II affirme dans son encyclique Redemptoris Missio (1990) que l’inculturation n’est pas « une simple adaptation extérieure, car l’inculturation“signifie une intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme, et l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures humaine”. C’est donc un processus profond et global qui engage le message chrétien de même que la réflexion et la pratique de l’Église » (n. 52).  

L’acuité du problème décuplée

Le problème est de discerner jusqu’où le christianisme doit s’enraciner dans les conditionnements culturels actuels et à quel moment il doit les critiquer et les transformer sous peine d’être lui-même altéré. Le problème a acquis une acuité décuplée depuis que certains et non des moindres, comme le cardinal Hollerich dont nous allons présenter l’opinion, considèrent que la déchristianisation de l’Europe exige que l’Église revoie certains de ses enseignements perçus comme incompréhensibles par beaucoup de nos contemporains. La question est donc : dans quelle mesure l’enseignement de l’Église peut-il être un obstacle à l’évangélisation ? Autrement dit, en quoi l’inculturation de l’Évangile implique-t-elle ou pas une révision de pans entiers de son enseignement moral et anthropologique devenus incompatibles avec la culture postmoderne ?   

« Je suis quant à moi profondément convaincu, déclare Mgr Hollerich dès le début du livre, que la culture européenne dite “chrétienne” est un obstacle »

 

Rapporteur général du synode

Le cardinal Hollerich (né en 1958) n’est pas n’importe qui. Jésuite luxembourgeois, ancien missionnaire au Japon, nommé archevêque de Luxembourg par Benoît XVI puis cardinal par le pape François, il a été de 2018 à mars dernier président de…

Pour continuer à lire cet article
et de nombreux autres

Abonnez-vous dès à présent

Thibaud Collin

Ce contenu pourrait vous intéresser

À la uneÉglise

Canoniser la jeunesse ? (4/4) : Pier Giorgio Frassati, le montagnard de Dieu

DOSSIER : « Frassati, Acutis : Canoniser la jeunesse ? » | Mort à 24 ans après une vie brûlée par l’amour du Christ et des pauvres, Pier Giorgio Frassati incarne l’idéal d’une jeunesse chrétienne joyeuse, fervente et engagée. Étudiant, alpiniste, tertiaire dominicain et apôtre de la charité, ce fils de bonne famille turinoise sera canonisé le 3 août prochain. Portrait d’un saint des temps modernes.

+

Pier Giorgio Frassati
À la uneÉglise

Canoniser la jeunesse (1/4) : Mode ou nécessité ? 

DOSSIER : « Frassati, Acutis : Canoniser la jeunesse ? » | La multiplication récente des causes de canonisation de jeunes figures soulève une question délicate : assiste-t-on à une réponse pastorale adaptée à notre époque, ou à un glissement vers une reconnaissance trop émotive de la sainteté ? À travers l’histoire se dessine un discernement nécessaire, entre exemplarité et emballement collectif.

+

Domenico Savio e1747124123171 jeune
À la uneÉgliseConclave

Léon XIV, un pape venu d’Amérique

Son élection a fait jaillir la joie dans les rues de Chicago, suscité la perplexité dans les cercles catholiques conservateurs et réveillé une espérance insoupçonnée dans l’Église universelle. Premier pape américain, Léon XIV hérite d’un pontificat lourd de défis. 

+

Pape Léon XIV